Slameuse/ Slameur: Germain
Equipe de: Aubagne
Pourquoi Slamez-vous?
Enquête auprès des poètes sélectionné-e-s pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2020
Comment as-tu rencontré le slam? Te souviens-tu de la première scène à laquelle tu as assisté, puis participé (et donc de ton premier texte)?
Ce sont trois questions et réponses en une pour moi : la première fois que j'ai rencontré le slam, c'était le 7 février dernier lors d'une soirée slam mensuelle organisée au "Coin Liberté" (13001 Marseille) animée par Ypnova. Ce soir là, j'ai pu clamer "Baise main" pour la première devant un public. C'était surtout la rencontre de la scène slam sur Marseille, des personnes accueillantes et bienveillantes aux nombreux talents. Et ça donne quelques plaisirs d'entendre de la poésie dans ce secteur de la ville.
Comment écris-tu tes textes? Qu'est-ce qui t'inspire? Aimes tu te mettre dans des conditions particulières pour écrire (lieu, ambiance, moment de la journée...)?
L'écriture part souvent d'une phrase ou une tournure de phrase, axée sur un jeu de mot notamment (plan sur la sonnette, par exemple). Puis au fur et à mesure, une deuxième puis troisième idée s'inscrivent, une histoire et un message à faire passer construisent le texte. Etant marseillais et travaillant auprès des personnes vivant à la rue (dans une équipe mobile précarité et psychiatrie), le langage utilisé est souvent très local, où je l'écris comme il se parle ou se parlait. Donc la base du texte est inspirée des rencontres lors des maraudes, puis sur des bouts de discussion ou échanges avec les personnes, pour aboutir souvent en vers au bout d'un moment. J'exerce comme médiateur de santé-travailleur social dans l'équipe, où il y a souvent des images retrouvées lors de périodes d'hallucinations perçues ou vécues, ce qui a toujours été source d'inspiration pour de nombreux poètes ou poétesses depuis l'invention de l'écriture.
Si tu as d'autres activités artistiques, le Slam a-t-il une place particulière dans ton processus créatif ?
Depuis plusieurs années, j'apprends et joue de la musique irlandaise (harmonica et bodhran) lors de sessions organisées dans les environs de Marseille. Ce qui peut aider au niveau de la rythmique ou des ambiances dans l'écriture, quand la mélancolie est recherchée ou pour un rythme ternaire par exemple.
Comment est la scène slam autour de chez toi? La fréquentes-tu assidûment chez toi et aussi ailleurs ?
En découvrant petit à petit la scène slam sur Marseille et les alentours, je m'aperçois qu'elle est très riche et active, avec notamment un événement majeur qui se déroule chaque été sur Aubagne : le festival du Grand Micro de Bois (mi juillet), crées par K-rol, Ypnova et Jilboa, qui fête sa 7ème édition cette année. Il y a très souvent des scènes slams, des nuits du slam, des soirées poétiques, des jams, des spectacles en appartement organisés par différentes associations. Ce que j'en retiens surtout, c'est l'accueil bienveillant des écrivains et écrivaines lors de ces moments, c'est fort pour continuer à y participer. Un futur assidu, oui.
Que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline pour lui donner envie ?
Ce qui est très intéressant dans le slam, c'est que tout type et tout style de texte peuvent être clamer. Sans pour autant rester ou appartenir à des codes et règles précisent, si ce n'est : 3 min, a cappella, sans accessoire. Mais le plus important est la rencontre avec d'autres poètes et poétesses, de découvrir des textes et des façons d'aborder la scène différentes, ce qui va influer sur ton état du moment. Boire un coup, se mettre à l'aise, rien de plus.
Quelle est pour toi la place de la poésie dans la société ?
Pour moi, cela serait plutôt l'inverse et de même réponse, quelle est la place de la société dans la poésie ?Une société est avant tout un groupe de personnes, qui font vivre des cultures différentes. Et quand on voit le nombre de poésies issues de personnes qui ont influé et influencé notre société, c'est colossal. Des politiques, aux sociologues en passant par les philosophes, il est très courant de découvrir un recueil de poésie ou des essais poétiques, de les découvrir par ces écrits même. A partir de là, il n'est pas rare d'aborder des thèmes de société comme l'isolement ou la citoyenneté par la poésie. Avant que cela ne devienne un enjeu d'apprentissage, dans le cursus scolaire notamment, où la poésie est souvent taxée d'élitisme ou de dépassée. C'est un peu à l'image de Victor Gélu, qui dénonça la hauteur des félibres de Mistral, au travers l'enjeu de la langue provençale parlée dans la rue. On pourrait dire que la société à une place importante dans la poésie, sur les thèmes et sujets engagés dans le travail d'écriture. Mais la poésie est plus un enjeu à mon sens qu'une place, il y a bien une liberté à prendre dans sa pratique.
Germain
C'est le prénom d'une personne que j'accompagnais dans la rue, qui est décédé il y a deux ans. C'est aussi le prénom d'un de mes poètes de chevet : Germain Nouveau.
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