Souheila Yacoub provoque un tremblement de terre à chaque représentation de “Tous des oiseaux” au Théâtre de la Colline, comme ailleurs. Elle porte avec une éblouissante maîtrise et une sensibilité à fleur de peau les mots de Wajdi Mouawad qui sont aussi les siens. Ce que Wahida, le personnage de la pièce qu’elle incarne, crie dans son long et bouleversant monologue, est le fruit d’un chemin qu’elle a vécu elle-même. La jeune femme, qui s’est longtemps cherchée, s’est livrée avec sincérité sur son parcours, ses rêves et ses projets. Une chose est sûre, elle saura aller toujours plus loin, toujours plus haut. 15 ans d’entraînement quasi militaire au sein de l’équipe nationale suisse de gymnastique lui ont appris à ne jamais abandonner. Pour Souheila, tout ne fait que commencer. Bonne lecture
Bonjour Souheila. Enchanté. Je le redis de vive voix. Qu'est-ce que j'ai aimé “Tous des oiseaux”! Sa profondeur, le sens, votre force, la puissance des mots, votre beauté à tous. Plein d'humanité, de générosité et de sens. De sens.
Bonjour Philippe. Ca fait du bien à entendre. Merci beaucoup.
Votre parcours est complètement atypique. Qu'est-ce qui, à un moment, vous a amenée au théâtre ? Quelle envie ?
Je m'amusais à être comédienne depuis très petite. J'adorais jouer, être dans des personnages, tout le temps, mais je ne savais pas vraiment que je voulais faire ce métier. J'ai été dans la gym pendant très longtemps: 15 ans dans l'équipe nationale suisse de gymnastique. J'avais mis ce que j’aimais complètement de côté, je n'y pensais plus. J'avais quitté les études à l'âge de 16 ans, pour les Jeux Olympiques, et je m'étais enfermée dans cette bulle de carrière sportive. Et puis, tout s’est arrêté brutalement à 20 ans. J’ai alors voulu travailler dans un milieu artistique, mais sans savoir si c'était la danse, le théâtre ou le cinéma. J'ai commencé par une école de danse à Genève que j'ai faite pendant 6 mois. On avait des cours de théâtre dans cette école. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à comprendre. J'ai cherché sur le net “Ecole de Théâtre Paris”, j'ai trouvé les Cours Florent. En lisant des auteurs, en comprenant l'importance d'un acteur sur scène, la possibilité d'être porte-parole de certains textes, comme ce que je dis par moment en étant Wahida... Cette chance incroyable de pouvoir raconter certaines choses devant des gens. On a la chance d'avoir une liberté d'expression assez folle en tant qu'acteurs et je crois que c'est ce dont j'avais le besoin et l'envie : défendre certains textes, défendre des idées.
Vous étiez effectivement à fond avec l'équipe de gymnastique rythmique suisse auparavant. Est-ce que ça vous caractérise: s'engager à 300% dans ce que vous faites?
Oui. Complètement. C'est juste que, quand je commence une chose, je veux aller loin. Je n'ai pas envie de faire les choses pour arrêter à moitié. Je crois que j'ai une grande ambition, c'est tout. Des grands rêves. Et, quand je commence quelque chose, j'ai envie d'aller au plus haut de mon rêve. C'est ça.
Ca veut dire aussi que vous ne faites pas les choses par hasard, vous les choisissez...
Je n’avais pas choisi la gym, parce que je l'ai commencée à 4 ans. J'ai voulu l'arrêter des centaines de fois et je choisissais de rester parce que je voulais absolument aller aux Jeux Olympiques, aux Championnats du Monde, aux Championnats d'Europe. J'aurais aimé arrêter avant. Elle ne me rendait pas heureuse. J'étais même très malheureuse : j'ai quitté la famille quand j'avais 12 ans pour rejoindre l'équipe nationale Suisse et j'ai vécu 8 ans en vadrouille à Zürich, à Berne, en Russie, en Bulgarie, au Japon... J'ai beaucoup voyagé pour le sport. Souvent, j'ai voulu abandonner. C'est plus par force mentale que je n'ai pas lâché. Je me disais : « ne lâche pas ! ». Et je suis allée jusqu'au bout.
J'ai lu un très bel article dans “Le Temps”, vous y dites à ce sujet: “je me suis retrouvée chez ma mère à 20 ans. Je ne connaissais rien de la Vie, je n'avais rien vu, rien lu. J'avais été sportive d'élite, je n'étais plus rien”.
Souheila Yacoub, l’envol d’un oiseau de feu https://www.letemps.ch/culture/souheila-yacoub-lenvol-dun-oiseau-feu
Oui. C'est vrai. Je suis partie très jeune de ma famille pour le sport, pour de grands événements. J'étais douée et je voulais aller le plus loin possible avec cette équipe nationale suisse. On a fait de grandes choses. Quand j'ai arrêté, je ne connaissais rien au monde extérieur, même au niveau de l'Amour, au niveau de l'amitié. A part les filles de la gymnastique, je ne connaissais pas grand chose. Je n'avais pas eu le temps d'aller au cinéma, pas le temps de lire. Je faisais entre 8 et 10 heures d'entraînement par jour depuis mes 13- 14 ans. J'avais 52 heures de sport par semaine. C'était l'armée. Je ne vivais que pour ça, je ne faisais que ça. L'après carrière de gymnaste a été très très dur. Je n'avais pas de diplôme, je suis retournée à Genève, je ne connaissais personne. Avec l'équipe de Suisse, on est toutes retournées dans nos familles, les zurichoises à Zurich, les tessinoises au Tessin et moi à Genève. On s'est séparées. C'était la première fois où je me réveillais le matin et je ne faisais pas quelque chose qui était contrôlé. Je ne savais plus qui j'étais, ce que je faisais... J'ai fait une grosse dépression justement après la gym. Passer tout d’un coup du statut de gymnaste de haut niveau, on était 4èmes au Championnat du monde, pré-qualifiées pour les JO, à arriver à la maison, sans diplôme, sans amis, avec un corps qui change. Ca a été très dur comme étape.
Qu'est-ce qui vous a donné la force de rebondir ? En quoi croit-on pour avoir la force au point où vous en êtes aujourd'hui ?
Je crois c'est dû au fait que je ne lâche pas. Je n'abandonne jamais. Face aux entraînements que j'ai eus, ma force mentale m'a sauvée beaucoup de fois. Ma famille, aussi. Ma sœur m'a inscrite à un concours de Miss en Suisse pour rigoler. Je n'étais pas prête. Elle m'a dit : “mais si vas-y, tu vas voir, ça va te faire du bien, tu vas rencontrer des jeunes qui font complètement autre chose que du sport et tu vas t'amuser”. J'y suis allée. Au début, elle avait promis qu'elle me suivrait, mais, finalement, elle ne l'a pas fait. Je me suis retrouvée là-dedans, j'ai été prise au 1er, au 2ème et au 3ème tour… jusqu'à être finaliste de Miss Suisse Romande. J'ai fait pendant un an des tournées, je voyageais avec eux, j'ai rencontré des jeunes, des filles, des garçons, qui étaient à l'université, qui ont vécu ce que les gens imaginent de toi. Et ça m'a vraiment fait du bien. J'ai beaucoup rigolé, j'ai un peu repris confiance. La lumière s'était un peu éteinte à cette période là de ma vie et ce concours a ravivé quelque chose. Mais je ne voulais pas être modèle, je ne voulais pas être Miss Romande... même si j'ai gagné après le concours. Ca m'a juste fait du bien de rencontrer des gens qui faisaient autre chose. Après, je suis arrivée à Paris. C'était mon rêve depuis toute petite. J'ai relu des interviews que j'avais faits pour mes 11 ans ou 12 ans aux Championnats d'Europe de Moscou, où je disais que je voulais être comédienne. C'était en moi. Quand j'étais sur scène lors des concours de Miss, je me disais: “qu'est ce que je fais là, je veux devenir comédienne, je veux faire de la danse, je veux sentir des choses!” Ca a juste fait tilt dans ma tête, je me suis dit : il faut que je parte. J'en avais besoin. Les 3 années au Cours Florent à Paris ont été les plus incroyables de ma vie. Je me suis jamais autant amusée, éclatée et j'ai su que c'était ce que je voulais faire.
On pourrait presque dire que vous étiez comédienne en faisant tout ça ? Vous vous disiez : il faut que je tienne ce rôle-là, de la gymnaste, puis ce rôle de la miss... Il faut que je tienne, que j'aille au bout de la pièce.
Je n'ai jamais mis de mot comme ça là-dessus, mais c'est vrai que c'était un peu ça. Je tenais le rôle de la gymnaste face aux autres et je tenais jusqu'au bout même si je n'étais pas heureuse. Miss, pareil. C'est vrai que ça n'était pas ce que je voulais faire non plus, mais je jouais le jeu. Oui, c'est vrai, ce sont un peu des masques que j'ai portés... Ca n'est pas faux.
Des masques... Du coup, ça nous ramène directement, évidemment à “Tous des oiseaux”. La rencontre avec Wajdi a été absolument magique si j'ai bien compris.
Elle a été folle. On s'est parlé pendant 3 heures, il ne m'avait jamais vu jouer. C'est son assistante, Valérie Nègre, qui m'a trouvée. J'étais au Cours Florent qui faisaient un spectacle de fin d'année pour remettre des diplômes aux 3èmes années et on m'avait demandé de faire une chorégraphie pour une option, parce que je faisais beaucoup de chorégraphies pour les spectacles, j'adorais ça. J'en avais préparé deux auxquelles je participais, on a mis le feu à la soirée avec tous les autres et c'était génial. Valérie Nègre était dans le public. Elle avait rendez-vous avec Wajdi le lendemain. Il lui a dit : “je cherche une fille comme ça comme ça comme ça”. Valérie lui a parlé de moi. Ensuite, je suis rentrée au CNSAD, le Conservatoire National. Il a dit à la Directrice, Claire Landerqueuil, qu'il voulait travailler avec moi, puis il m'a appelé. Il a laissé un message sur mon répondeur : “Bonjour Souheila, je ne sais pas si vous me connaissez, je suis comédien - auteur – metteur en scène, je m'appelle Wajdi Mouawad et j'aimerais vous rencontrer pour un rôle”. Pour moi, c'était Spielberg qui m'appelait. J'avais beaucoup travaillé ses textes au Cours Florent, j'avais même hésité à passer plusieurs scènes d' Incendies pour le 3ème tour du Conservatoire, c'était quelqu'un que j'adulais et dont j'admirais l'écriture. On est allés boire un café ensemble, il m'a parlé de l'histoire. A la fin il a dit : “Ecoute Souheila, je ne sais pas comment tu joues, je ne sais pas ce que tu vaux, ni quoi. Mais c'est toi. Tu es Wahida”. J'étais tellement heureuse et en même temps j'avais une grosse pression. Mon Dieu, si jamais je ne remplis pas la mission. Mais c'est vrai qu'il avait tout de suite compris que ça allait le faire. Je lui ai fait confiance et tant mieux. Et aussi il m'a dit: “une chose que je sais, c'est que je ne travaille qu'avec des gens gentils”. Ca c'était prioritaire pour Wajdi. Cette phrase m'a marquée et je la répète souvent. Il ne travaille qu'avec des gens gentils et même si je n'étais pas ce que lui il attendait, je savais qu'il avait envie de travailler avec moi à ce moment-là. Ca s'est fait comme ça.
Vous aviez envie d’avancer sur le chemin ensemble ?
On a senti tous les deux que ça allait matcher. Qu'on voulait avancer ensemble, travailler ensemble. Je savais que j'en étais capable au fond. Lui ne m'avait jamais vue jouer, donc il n'en savait rien, mais il y avait une confiance dans mon regard et l’envie d'essayer.
Où en étiez-vous dans l'apprentissage du théâtre au moment où vous vous êtes rencontrés?
Je venais d'être prise au Conservatoire National et je finissais la 3ème année des Cours Florent, mais je n'avais jamais travaillé professionnellement à part en faisant des pièces avec des potes. J'avais fait Avignon. C'est mon premier projet pro de théâtre.
Qu'est-ce qui vous a donné le souffle des mots ?
L'envie de les dire, de les crier, de les sortir... Je crois que c'est ça. L'envie de crier ce qu'il y a en moi. Ce que Wajdi a su comprendre. C'est grâce à lui en fait. On s'est parlé tellement de fois autour de la pièce. Il a beaucoup écrit autour de nous. J'étais la première comédienne qu'il avait sélectionnée, on s'est donc beaucoup vus pour parler de ce rôle. Il a écrit principalement pour moi, des choses que je lui ai dites et d'autres que je n'arrivais à exprimer. C'est fou, il a su écrire ce que j'avais besoin de dire, ce que j'avais besoin de crier sans que je ne le sache avant.
Vous avez eu toute une phase d'écriture, de travail en commun pour faire naître cette pièce, Jérémie en parle très bien dans l'entretien qu'on a eu ensemble.
L'année dernière au mois de juin, on a fait deux semaines de travail à la table. On se voyait 8h par jour. Il avait seulement écrit la première partie de la pièce. Il n'avait pas encore écrit tout ce qu'il y a après l'entracte. Il a changé des dizaines de fois. Je crois qu'on était à la version 25 quand on a commencé à lire, mais quand on s'est retrouvés en août, il avait encore changé pendant l'été. Chacun a parlé de son histoire personnelle, d'Israël, de sa relation avec sa famille, de lui-même, de son rapport au corps. De tellement de choses. Et Wajdi a puisé dans tout ça. C'est ce qui fait que les rôles nous collent à la peau. C'était un travail vraiment intense et ça n'était pas que les comédiens et lui, c'est ce qui était magnifique. On était 60 autour de la table : il y avait les traducteurs, les régisseurs plateau, ceux qui gèrent la vidéo, les historiens, Nathalie Zemon Davis qui a écrit une thèse sur Léon l'africain, des intellectuels, des amis de Wajdi, sa femme dramaturge, Charlotte. On a énormément échangé ensemble, c'était très intense. C'était important pour la pièce, je pense.
Vous en parlez aussi à un moment dans l'article du temps : “c'est dans ce climat très bienveillant que nous avons pu dire des choses que nous n'aurions jamais confiées autrement”.
Oui, c'est vrai. C'est fou parce qu'on se connaissait pas. Mais, très vite, on a eu la sensation qu'on avait le droit, sans jugement, de se dévoiler et de le faire même assez violemment. C'était cru, très intime, même moi, par exemple, sur ce que je découvrais moi-même en tant qu'arabe. On a osé dire des choses que chacun n'osait pas se dire à lui-même. De fil en aiguille, on est devenus une famille. Jalal, Jérémie, Victor, Leora, Judith, Darya, Rafael, Raphael... sont tous mes meilleurs amis. Je crois que très vite, très tôt, on a été très intimes.
C'est beau.
C'était assez beau, oui.
Vous avez une particularité dans l'histoire, c'est que vous allez quitter le projet: l'oiseau s'envole à la fin de l'année...
Exactement. Ca m'émeut beaucoup, ça me fait un peu peur. Wajdi l'avait senti tout de suite. C'est fou. Je me souviens l'année dernière, pendant la première semaine de représentation à la Colline, il est venu me voir en loge pour me dire : “je crois, Sousou, qu'il va falloir te trouver une remplaçante”. Je n'avais pas compris pourquoi à la base. J'étais approchée pour un film. Et c'est vrai que j'ai un autre désir de cinéma, très fort, et qui arrive très fort en ce moment. Jamais je n'aurais voulu quitter “Tous des oiseaux” et ce rôle Wahida parce qu'un rôle féminin comme ça au théâtre c'est un cadeau énorme. Mais c'est vrai que oui, je quitte le 30 et je laisse la place à Nelly Lawson. Tant mieux pour elle et tant mieux pour moi aussi, j'ai plein de beaux projets qui arrivent.
Qu'est-ce que ça fait de donner ce rôle-là à quelqu'un d'autre ?
C'est très beau et en même temps, c'est très dur. Je l'avais vue en répétition plusieurs fois, mais là je suis allée dans la salle le jour de la générale. C'est dur parce que je deviens très dure avec cette Wahida, que j'ai eu la chance de créer. Je suis quelqu'un de très exigeant dans la vie. Au début, quand quelque chose n'était pas comme je le fais moi, ça me perturbait. Alors qu'en fait pas du tout. Nelly a sa patte à apporter. Effectivement, elle reprend un rôle où elle n'a pas participé à l'écriture, mais c'est d'autant plus magnifique et elle a plein de choses à raconter aussi là-dedans. C'est stressant pour moi. Mais je suis contente parce qu’elle est géniale, humainement. On a beaucoup discuté avec ensemble. Elle s'est beaucoup confiée à moi, parce qu'elle était un peu bloquée au début, elle avait peur, elle n'arrivait pas à trouver les choses. C'est normal: nous on avait travaillé 4 mois dessus. Du coup, je suis allée la voir plusieurs fois, on a beaucoup discuté et je l'ai emmenée dans cette intimité où nous étions au début avec les autres. Depuis, je crois que ça marche super bien. C'est une autre couleur de Wahida, une autre façon de dire. C'est une autre voix, une autre langue, une autre façon de parler, un autre corps... et pour les autres comédiens, c'est génial parce que peut-être qu'ils en avaient marre de moi au bout d'un moment ! Ca leur apporte plein de nouvelles choses aussi. Je l'ai vue et c'est différent. Ca n'est pas moins bien, pas mieux, C'est différent et c'est très bien comme ça.
C'est comme un passage de témoin ?
Oui. Je suis très contente que ce soit elle.
Même si tous des oiseaux aborde plein de choses différentes, plein de thèmes, avec beaucoup de profondeur, est-ce qu’il y a un élément qui pour vous est plus important que tout ?
Mon monologue en deuxième partie est pour moi le Climax, si j'ose dire. C'est le Climax du parcours de Wahida, de son évolution. Ce sont des mots très personnels dont nous avons discuté avec Wajdi. A chaque fois, il me bouleverse, il me fait passer par des chemins qui me touchent au plus profond de moi-même. A chaque fois, avant ce moment, je ne suis pas très bien. Je suis stressée alors que ça fait je ne sais plus combien de fois qu'on l'a jouée cette pièce. A chaque fois, juste avant, je ne suis pas sereine.
C'est une montagne à gravir?
C'est une montagne énorme. C'est long, physique, je perds 4 kilos à chaque fois, je dégouline. Emotionnellement, ça me provoque des choses de dire ça devant 800 personnes tous les soirs à un public parisien que j'adore parce qu'il est cosmopolite. Toujours et partout, il y a des gens qui s'identifient à la pièce. Mais c'est vrai qu'à Paris il y a quelque chose de particulier. Ce moment de la pièce me bouleverse.
Il est extrêmement contemporain.
Peu importe la religion, peu importe d'où on vient... On peut tous s'identifier à un moment de cette pièce. Mais c'est vrai que le monologue de Wahida me touche particulièrement.
Que faites-vous après? Vers où basculez-vous?
Je vais jouer dans une série Canal + de Rebecca Zlotovski qui s'appelle “Les Sauvages”. C'est une série où je vais jouer la fille du futur Président de la France. On est une famille Kabyle et mon père, Roschdy Zem, va devenir président. Ma mère c'est Amira Casar. On est en pleine préparation. C'est d'ailleurs un mois très dur pour moi : quand je joue le soir, j'ai souvent des répétitions pour la série la journée et je tourne même parfois. Donc, ce sont des grosses journées. Je suis morte ! Après, j'enchaîne avec le film de Philippe Garrel on est en préparation depuis un an et on va tourner au mois d'Avril. Après le film de Philipe Garrel, j'ai deux tournages, dont je n'ai pas encore les dates. Et puis, il y a la pré-nomination aux César pour le film de Gaspard Noé... avec quelques rendez-vous médias à faire.
Imaginiez-vous que c'était possible ce que vous êtes en train de vivre en ce moment?
Comme je l'ai dit tout à l'heure, si je fais quelque chose, c'est pour aller loin. Sinon j'arrête. Si je n'ai aucun avenir dedans, j'arrête. J'ai toujours voulu travailler. Mais c'est vrai que là ça dépasse un peu ce que j'avais imaginé. En même temps, c'est un métier où parfois on travaille beaucoup, parfois on ne travaille pas ! Donc, je profite à fond de ce qui m'est donné. On verra bien ce qui va se passer après. Pour l'instant, c'est extraordinaire. J'ai commencé avec plein de potes au Cours Florent et ces amis-là n'arrivent pas forcément à trouver du travail, alors qu'ils ne sont pas moins bons comédiens. Pas du tout. C'est juste une question de moment, de chance. C'est vrai que je ne l'imaginais pas. Je le voulais, mais je ne pensais pas que ça allait arriver comme ça.
Heureusement que vous n'avez pas fait les Jeux Olympiques alors !
Exactement. C'est un mal pour un bien. Ca m’a libérée.
Un mot à dire aux jeunes artistes, aux jeunes comédiens qui débarquent ?
Ce métier est juste une question de moment. Il y a deux ans, j'avais dit à un ami qui n'avait plus rien, qui ratait toutes les écoles : continue, tu vas voir, attends, la roue tourne. Et c'est vrai que la route tourne. J'en suis convaincue que quand on veut on peut. C'est une phrase bête, mais moi j'y tiens. Il faut, aussi, être conscient de ses qualités. Ca ne sert à rien d'essayer de se surprendre trop vite, je pense qu'il faut être conscient de ses qualités et aller droit dedans, foncer dedans, c'est une bonne technique. Après, il faut peut-être une bonne étoile aussi.
La lumière est arrivée pile sur vous quand il fallait comme il fallait et bravo parce que vous avez bien su la réfléchir.
J'en ai bavé aussi pendant des années, mais c'est parfait au bon moment. La vie fait parfois bien les choses.
Propos recueillis par #PG9 - Merci à Valérie Nègre
“Tous des oiseaux”, 5-30/12, Théâtre National de la Colline, Paris https://www.colline.fr/spectacles/tous-des-oiseaux-0
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