Un (tout) petit oiseau migrateur s'égare... et part à la découverte des autres. "Dimitri" est une série réalisée en "stop motion", animation en volume avec des objets réels, qui enchante petits et grands depuis 2014. Comment le livre de fin d'études de Agnès Lecreux à l'ensaama - Olivier de Serres est-il devenu un phénomène? Jean-François Le Corre et "Vivement Lundi!", France Télévisions Jeunesse -qui a découvert le projet en 2011 au "Cartoon Forum"- et beaucoup d'autres y ont largement contribué. Vous allez découvrir ci-après le parcours du projet et les étapes de sa fabrication. Petit à petit, Agnès et Dimitri, font leur nid! Bonne lecture
Enchanté Agnès. On va parler ensemble notamment de Dimitri, mais pas que... On va surtout parler de vous ! D'ailleurs, Dimitri... c'est vous?
Il paraît. On me fait souvent la réflexion. Avant qu'il ne devienne une série, Dimitri est un projet de livre pour enfants que j'avais fait pour mon diplôme quand j'étais étudiante. L'histoire d'un petit oiseau qui se plaignait d'être le plus petit et qui se comparait à plein d'animaux plus grands que lui. Ca fait écho à mon histoire personnelle : enfant, j'étais beaucoup plus petite que tout le monde. On me donnait tout le temps 2 ans de moins et du coup j'en avais marre...
Où êtes-vous née?
A Pamiers en Ariège. Mais on n'est pas de là-bas et on est partis quand j'avais 3 mois. On a beaucoup déménagé, du nord au sud, mais toujours à l'ouest. Des Pyrénées à Cherbourg et entre les deux... Nous aussi dans la famille, on est des oiseaux migrateurs, mais nous sommes toujours restés en France.
Votre goût pour le dessin, et pour l'artistique en général, est venu comment ?
Mes parents étaient papetiers libraires. Ils sont toujours libraires aujourd'hui, mais ils faisaient les deux avant. On avait donc toujours à portée de main des stylos, des crayons : on était tout le temps en train de dessiner.
Sur des carnets?
Pas forcément, non. Plutôt des feuilles volantes, le genre de trucs que les parents ne savent plus où mettre après tant la production est importante. Les carnets de croquis, c'est venu quand j'étais étudiante.
Vous dessiniez pour vous occuper ou parce que ça vous plaisait ?
Ca me plaisait. Tout ce qui était travaux manuels aussi. Mes parents vendaient pas mal d'articles de beaux-arts. Après, quand j'ai fait des études d'art, ils sont devenus mes fournisseurs, c'était bien pratique. J'aimais bien faire du bricolage, des trucs en volume aussi. Pas forcément que du dessin. Et puis on avait une maman qui dessinait et peignait beaucoup. On a un peu baigné là-dedans !
Quand est venue l'idée de raconter des histoires?
A vrai dire, je ne pensais pas être destinée à ça. A l'école, je n'étais pas très douée en cours de français, en expression. Du fait que mes parents soient libraires, j'ai baigné dans les livres... Je ne suis pas une grande lectrice, mais la littérature jeunesse m’a toujours intéressée: j’ai toujours aimé les belles illustrations et j’adore lire des livres à mes enfants aujourd’hui. Finalement, c'est vraiment pour ce diplôme où j'ai inventé ma petite histoire de "Dimitri" et ensuite quand on l'a développée que je me suis rendu compte que ça me plaisait. Que ça n'était pas si compliqué.
Quelle est la clé pour raconter une histoire?
Il faut poser un univers. Imaginer les personnages, bien préciser leurs caractères... Que tout existe un peu de lui-même déjà. C'est beaucoup plus facile après de raconter une histoire, de s'imaginer comment vont réagir les personnages face à telle ou telle situation. Ca m'a bien aidé.
Je voulais poser une question : est-ce que vous préférez fabriquer des images, créer des mondes ou raconter une histoire ? Vous venez de répondre aux trois !
Ce qui m'éclate le plus, c'est de créer des personnages. Tout commence par ça. Même par un aspect physique. Ensuite, trouver une personnalité, créer un univers... A partir de là, raconter des histoires, c'est plus facile. C'est comme ça que les choses se font dans ma tête.
On va reprendre le fil de votre vie. Ce projet de livre pour enfants, c'était quand ?
Lorsque j'étais à l'école Olivier de Serres à Paris en DMA matériaux de synthèse, un diplôme de métiers d'art où on apprenait la sculpture, le modelage... Tout ça plutôt destiné à travailler dans le décor, l'événementiel... C'était assez large. Je voulais faire un film d'animation pour mon diplôme, mais vu qu'on n'était pas dans une section animation, qu'on n'avait aucune base, je suis finalement partie sur l'idée d'un livre pour moins me lancer dans l'inconnu.
Vous n'aviez pas les outils ?
Non. Les professeurs n'étaient pas formés pour ça non plus. Ca aurait été plutôt risqué. Maintenant que je sais comment ça se passe, je suis sûre que j'aurais manqué de temps.
Pouvez-vous nous raconter le parcours de ce projet de livre pour enfants?
Comme pour les films d'animation en volume, j'avais fait des illustrations, des personnages... J'avais construit un décor, j'avais pris en photo mes personnages dans ces décors, mais ils ne bougeaient pas.
Vous aviez donc créé concrètement tous les éléments ?
Oui. On en a fait beaucoup plus pour la série, mais j'avais déjà commencé.
Comment le projet est-il arrivé à "Vivement Lundi !" ?
Après avoir eu mon diplôme, j'ai travaillé dans des ateliers de décor en banlieue parisienne et il y a eu une période de creux. Alors, j'ai envoyé mon CV pour travailler comme décoratrice dans un studio qui fait des projets en stop-motion. J'ai un peu fait ça à la légère en me disant on peut toujours rêver ! A la base, je venais avec mon expérience de décoratrice. J'ai envoyé un CV et un book à "Vivement Lundi!"... Il n'y en avait pas beaucoup en France qui en faisaient, je me suis dit on va commencer par eux et on va voir ce qui se passe. Ils m'ont répondu rapidement : « désolés, Agnès, il n'y a pas de projet en stop-motion sur lequel vous pouvez travailler pour le moment, mais par contre, on a remarqué Dimitri et on serait intéressés pour le développer en série... »
Tout de suite !!?
Oui, il me semble que c'était tout de suite. Ils cherchaient une série. Moi j'étais ouhhh mince alors ! Comme décoratrice c'est non, mais par contre vous voulez développer mon projet en série !! Waoww. J'étais hyper heureuse. En parallèle, j'avais envoyé mon projet de livre à des éditeurs et un d'entre eux, un éditeur important, était intéressé pour le publier. Dès que j'ai eu ces nouvelles de "Vivement Lundi!", j'ai prévenu la maison d'édition : "est-ce que c'est un problème ?" "Ah non, pas du tout, au contraire. C'est génial, bravo !"... et ils ont voulu me faire signer un contrat de cession de droits audiovisuels. Quand je me suis retrouvée face à ce contrat, j'en ai parlé à Vivement Lundi! pour être sûre. Eux, ça ne les arrangeait pas : ils auraient dû racheter les droits, c'était beaucoup plus compliqué. J'ai réfléchi, pris la décision de me lancer dans la série et d'aller vivre en Bretagne...
Ce qui a pesé dedans c'était le plaisir de découvrir l'animation ?
Je me suis dit, si jamais il est édité, c'est bien, je serai contente. Mais, je n'ai plus grand chose à faire, mes images sont quasi finies... Alors que j'avais l'occasion de mettre un pied dans le monde de l'animation, ce qui n'est pas évident pour un débutant. J'étais toute jeune et on me proposait de réaliser MA série... J'ai bien fait. Je suis rentrée dans l'animation et ça m'a permis, le temps de trouver des financements, de travailler sur d'autres projets comme décoratrice... J'ai pu rencontrer les équipes. J'ai pu être réalisatrice, travailler comme décoratrice... Bref, c'était l'idéal
C'était en quelle année ?
Il me semble que la première fois que j'ai rencontré Jean-François Le Corre pour en parler c'était il y a bientôt 10 ans. En décembre 2009. La première saison de 26 épisodes est sortie en 2014...
Donc le projet s'est mis en route. Comment avez-vous travaillé pour en faire une série ?
Le livre que j'avais fait était une base, mais il nous a fallu développer, imaginer un concept qui tienne pour la série. A l'origine, c'était une histoire toute simple sur l'acceptation de soi, les personnages n'avaient pas encore de caractères très poussés. On en a gardé quelques uns, notamment une girafe. Comme Dimitri se comparait toujours à des animaux plus grands que lui, j'avais une girafe, une patte d'éléphant - juste la patte... Et, dans mon histoire aussi, ça se passait un peu où on voulait. Il y avait des animaux d'Afrique parce qu'ils étaient grands, mais le lieu n'était pas forcément précisé. Désormais, on a mis en place le fait que Dimitri soit un petit oiseau migrateur, qu'il se perde et se retrouve sur le continent africain. Et on a développé de nouveaux personnages plus typiquement africains aussi. On a commencé à écrire avec Jean-François Le Corre et Matthieu Chevallier, un scénariste qui a écrit beaucoup d'épisodes et qui a été le directeur d'écriture de la saison 2.
Le fait que ça se passe en Afrique, c'est une histoire de logique par rapport aux animaux de l'histoire ?
C'était cohérent par rapport au livre et ça m'intéressait de travailler sur le rapport aux autres : étant petite, j'ai beaucoup déménagé, je devais sans cesse me faire de nouveaux amis dans un endroit qu'on ne connaît pas. Le statut "d'étranger" me touchait...
Il y a beaucoup de vous dedans ! Je viens de passer une heure à regarder plein d'épisodes : j'ai adoré. Les personnages sont absolument craquants, tout l'univers est super beau, plastiquement les images sont magnifiques. C'est vivant, drôle, "humain", très agréable à regarder... Très varié, très drôle, très attachant. Comment avez-vous développé la partie "plastique": l'animation?
J'aimais déjà beaucoup travailler des choses où on sent la matière. Des personnages qui ne soient pas trop lisses... Je voulais qu'on sente que chacun a sa propre texture. J'avais travaillé là-dessus avec des volumes simples, épurés. Je me suis aussi inspirée de la sculpture africaine, que ce soit en bois ou en terre. Même si on utilise des matériaux qui sont finalement des matériaux synthétiques, comme de la résine ou des mousses de latex, je voulais qu'on ait l'impression que les personnages sont plutôt faits de terre ou de bois, de matériaux naturels.
Comment avez-vous expérimenté ça concrètement? Comment avez-vous testé les choses ?
Dimitri est tel qu'il est dans le livre. Le premier modelage que j'avais fait de lui était en terre et ensuite je l'avais moulé et tiré en résine, mais j'avais travaillé sur de la terre au départ. A Vivement Lundi, on a vraiment modelé les personnages en plastiline, la pâte à modeler utilisée pour les films comme Wallace et Gromit, une matière qui ne sèche pas. On les a modelés là-dedans ensuite on a fait des tirages dans d'autres matériaux. Moi, je n'étais pas sur la partie modelage elle-même, je supervisais l'ensemble. Il y avait une équipe pour s'occuper des personnages. On a vu ensemble. Ca commence par le travail sur la forme globale, une forme assez épurée pour chaque personnage, c'est vraiment la dernière étape de venir appliquer une texture particulière à chaque animal. On a fait des tests, on a cherché. Des fois, les modeleurs proposaient, ça fonctionnait, des fois on cherchait ensemble.
Le dessin à la base, c'est vous ?
Oui. J'ai dessiné les personnages pour qu'on puisse ensuite les réinterpréter en volume : de profil, de face, de ¾ pour qu'on ait une meilleure idée de ce à quoi ils ressemblent vraiment.
Donc, ça, c'est la conception. Pour tout le projet sur une saison, c'est une équipe de combien de personnes (y compris la fabrication et les finitions)?
Il me semble que la saison 1, c'est au moins 140 personnes et la saison 2 un peu moins... ca fait pas mal de monde quand même !
L'animation elle-même comment ça se passe ?
Moi, du coup, je ne suis pas animatrice, mais par contre, il y a toute une équipe d'animateurs, comme il y avait une partie du tournage en Belgique, si on compte les belges et nous, ça fait une vingtaine en tout.
Chaque animateur a un ou plusieurs plans à faire dans la journée. Déjà, on a un animatique comme base: le story board mis en images et monté pour avoir une idée du rythme. On connaît la durée du plan, ce qui se passe dedans. En plus de ça, je viens, on a une discussion à chaque début de plan avec l'animateur, pour préciser les intentions du ou des personnages. On mime éventuellement les scènes s'il y a besoin. Ce qui était pas mal pour la saison 2, c'est que j'ai pu faire à partir de tout ce qu'on avait comme matière sur la saison 1. Ca m'a permis d'établir une bible d'animation pour qu'il y ait plus de précision pour les animateurs, à partir de ce qu'on avait fait. Comme définir précisément de quelle manière vole Dimitri...
C'est très précis !
Oui. La course du petit zèbre, par exemple, c'est un nombre d'images bien précis. Il y a aussi les pièges à éviter par rapport à la position du bec de Dimitri, la pupille des personnages : pas trop écartées, ni trop proches... Il ne faut pas non plus que le personnage soit tout le temps en train de bouger, sinon ce n'est plus naturel, il y a un juste milieu à trouver... Tout est acté dans la bible d'animation.
C'est l'intérêt d'avoir deux saisons, ça vous a permis d'avancer. Donc vous arrivez quand tout est en place on va dire, c'est ça ?
Il y a d'abord toute la partie "set dressing", l'installation du décor. On avait des plateaux avec des éléments de décors modulables, on faisait plusieurs plans sur un même décor, donc c'était pas non plus à chaque plan, mais à chaque nouveau décor, on déplaçait les arbres, les cailloux, chaque élément de décor, on faisait une nouvelle composition, au début j'étais très présente pour cette étape-là et à la fin je laissais l'équipe faire, je venais plus pour valider une fois que tout était mis en place. Le cadrage avec le chef opérateur, toutes ces choses-là, sont à mettre en place avant que l'animateur puisse animer son plan.
On a parlé de l'animation, du décor et donc justement, la partie image elle-même, tournage, caméra on va dire, c'est encore une autre équipe, d'autres personnes...
Ils doivent tout préparer aussi. C'est une autre équipe. Tout doit être prêt au maximum pour que l'animateur puisse travailler dans les meilleures conditions. On voit avec cette équipe là, par exemple, les déplacements des personnages. De où à où ils vont pour être sûrs qu'ils soient toujours dans le point. On ne met pas le focus n'importe où, il faut choisir si le personnage part en arrière plan si on fait un suivi de point en cours de plan. On voit vraiment tout ce qui se passe dans le plan. Tout doit être anticipé au moment de la mise en place du décor. Mais malgré toute la préparation, il y a parfois des choses qui nous échappent, des imprévus, surtout avec la cadence du tournage qui est assez soutenue !
Et les voix après...?
L'idéal, ce serait d'avoir les voix définitives d'enregistrées avant le tournage, mais, ça n'est pas toujours possible. Pour la saison 2 - on avait fait à peu près pareil pour la saison 1-, tous les personnages qui ont vraiment une personnalité forte, dont la voix induit un jeu particulier dans l'animation, on a enregistré leurs voix dès le début. C'est le cas de Latyr, le babouin, ou d'Habibi, l'autruche un peu folle-dingue. Ca donne un jeu au personnage et ça aide l'animateur pour qu'il soit au plus juste. Pour les personnages enfants, c'est plus compliqué. C'est quand même pas mal d'enregistrer après parce que pour eux c'est plus facile avec les images: ils enregistrent avec elles devant les yeux. Elles leur donnent pas mal d'indications, ça les aide au niveau du jeu. Mais on est obligés de faire des « voix témoins » avant, avec des comédiennes (femmes) qui arrivent à tricher des voix assez jeunes. Ce son sert de base pendant le tournage, après ce sont des vraies voix d'enfants. Je tiens à ça. Souvent pour les séries ce sont des adultes qui font une fausse voix d'enfant, mais moi je l'entends et ça m'énerve : je n'arrive pas à me mettre dedans. Je ne pense pas que ça dérange les enfants, mais moi, si. Un adulte ne va pas dire les choses de la même manière, il va toujours essayer de mettre une intention. Il y a moins de spontanéité, de fraîcheur. Il aura tendance à surjouer. On a donc doublé les enfants avec de vrais enfants après le tournage.
Et au final le montage ?
Le montage, dans la réalité, se fait au moment de l'animatique. Après, il peut y avoir des plans qui sautent, mais ça n'est que de l'ajustement. On a déjà une base, il n'y a pas de grande surprise.
Vous venez de faire deux saisons de Dimitri... Toutes les deux pour France 5. Quel est l'avenir du programme ? Une saison 3 en cours de préparation ?
Ca n'est pas prévu pour le moment, mais je serais partante. S'il faut que je fasse du Dimitri jusqu'à mes 60 ans, ça ne me dérangerait pas !
Il faut des histoires quand même !
Je pensais que l'écriture de la saison 2 allait être plus compliquée que la saison 1, je me demandais si on aurait assez d'inspiration. Et en fait ça a été plus facile: les personnages font presque le travail à notre place! Ils existent de plus en plus au fur et à mesure des épisodes. Plus ça va, plus ils interagissent naturellement... Après, si on fait d'autres saisons, un long métrage ou je ne sais quoi, c'est toujours bien d'apporter des éléments nouveaux. Entre la 1 et la 2, il y a 3 nouveaux personnages, un nouveau décor, la case, une vielle case abandonnée, ça apporte de nouvelles choses. C'est important.
Du coup, ca serait le moment pour le livre... ou pas ?
Je ne sais pas ! Peut-être.
Est-ce que vous avez envie de faire d'autres choses ? Dimitri, c'est adorable, drôle, pétillant, vivant, super mignon, plein de vie. Tant mieux si ça continue, c'est clair. Mais avez-vous d'autres projets ?
On est en train de développer une série avec un ami, mais sur laquelle je suis juste auteure graphique. Il avait des idées et n'arrivait pas à les mettre en images. Quand il m'en a parlé, j'ai tout de suite accroché et il m'a proposé de faire des recherches graphiques. C'est un projet en stop-motion aussi. C'est un peu plus punchy, il y a de la couleur à gogo, ça fait du bien de faire des choses différentes.
De ce que vous avez dit, il y a un côté très intéressant, dont on a parlé avec Jean-François Le Corre et avec Bruno Collet aussi d'ailleurs, c'est ce côté « famille » : tout le monde peut se retrouver à faire différentes choses avec et pour les autres.
C'est vrai. C'est quelque chose qui existe beaucoup à Rennes. Il y a les deux boites de production, les gens travaillent ensemble. Si les postes étaient cantonnés, on aurait du mal à comprendre les problèmes des autres, il pourrait y avoir des problèmes de discussion, de communication. Là, c'est tout l'inverse. Quand on a plusieurs casquettes, on sait aussi ce que c'est que d'être sur un autre poste, on comprend mieux les enjeux des autres et puis, aussi, ça permet de ne pas s'ennuyer. C'est un équilibre que j'aime : être à des moments réalisatrice et à d'autres moments décoratrice. Le réalisateur a plus de responsabilités, c'est plus cérébral, alors qu'un décorateur a moins de pression. Tout ne repose pas sur nos épaules quand on est décorateur, ça fait du bien. Dans les très très gros studios, c'est très différent, parce que même pour un poste de décorateur, ils ne font pas de tout au niveau déco. Il peut y avoir des gens qui ne font, par exemple, que des arbres ou des animaux... Quelqu'un va être vraiment cantonné à une tâche particulière, ça va être rébarbatif. Nous, vraiment, on touche à tout.
Ca nourrit votre imaginaire, votre sensibilité aux choses ?
Je pense. Il y a un côté où il faut toujours qu'on soit créatifs. Des fois, ça peut-être induire des choses plus compliquées, on est face à des problèmes en cours de tournage, mais en même temps on est plus dans un élan où il faut rivaliser d'astuces...
Qu'avez-vous envie de dire quelque chose pour conclure ? L'avenir, le passé, le présent...
Le stop-motion, c'est une technique que j'adore, je ne sais pas si je ne ferai que des films dans cette technique-là, mais j'aime son côté artisanal, humain, avec toutes les interactions.
C'est une belle conclusion de toute l'aventure : votre investissement dans ces univers-là correspond à un goût et à un plaisir sincères... On comprend mieux la fraîcheur de vos projets. Merci !
Propos recueillis par #PG9
+ d'infos: www.vivement-lundi.com
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