Comme une conversation entre amis après quelques temps d'absence, on s'est téléphonés avec Richard Monnier, dit RIMO, et on a laissé défiler le cours des choses. Depuis le début. Parce que c'est le principe de ces longs entretiens est simple: mieux se connaître, mieux se comprendre, pour mieux s'apprécier, mieux se quitter, mieux se retrouver... Des tranches de vie. Dans celle de RIMO, c'est simple, la chanson (en français) a une place centrale et la situation ne changera pas de sitôt: "CoucouCool", "L'Arnaque", "RIMO et les Imparfaits"... Joignez-vous donc à table avec nous! Bonne lecture
Bonjour RIMO. Question piège pour commencer: qui es-tu?
Je suis... un mec sympa, passionné de musique.
Pour qui te connaît, tout est dans cette phrase effectivement. D'où viens-tu s'il te plaît?
Je suis né à Vannes, mais mes parents habitaient déjà à Nantes. Ils étaient en vacances et je suis né en avance. Dans la réalité, je suis 100% nantais.
C'est important pour toi d'être nantais?
Oui, c'est une belle ville avec plein de gens accueillants, un bon esprit de rencontre et de partage. Je suis plutôt content d’habiter ici. Au niveau culturel, cette ville est très importante pour moi: elle m'a porté et porte les artistes en général.
Y-a-t'il autre chose dans ta vie que la musique et la chanson?
L'amitié, la famille. La fête aussi. Mais c'est principalement la musique et je suis très content d'avoir réussi à en faire mon métier. Après, c’est une passion très chronophage et j’essaie en ce moment de mieux m’organiser pour profiter des autres et prendre du temps pour moi.
Comment as-tu compris que toi, c'était la musique?
J'ai commencé le solfège à 7 ans, la guitare à 9 ans, par des cours de classique. J'y suis allé jusqu'à 17 ans. En sixième, on m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. J'ai dit chanteur ou vétérinaire... et vétérinaire, il y avait un petit peu trop d'études! A 15 - 16 ans, j'ai eu mes premiers groupes de reprises, à 16 - 17 ans, j'ai fait mes premières compos. Je partais faire des mini tournées l'été avec un pote percussionniste pendant deux ou trois semaines. On se payait le camping en faisant la manche, on vivotait avec ça. Je me sentais vraiment dans mon élément et l’option de vivre de la musique un jour ne m’a jamais quittée.
Le solfège à 7 ans, c'est une volonté personnelle ou c'est ta famille qui l'a voulu?
C'est plutôt la famille. Je ne savais pas du tout ce que c'était et c'est quand même un peu l'école après l'école, donc c'était dur. Par contre, j'ai eu de la chance d'avoir un super professeur de guitare, Fabrice Maillard, à l'école de musique de Sainte-Luce. Il m'a gardé pendant 8 ans. Les cours de guitare classique, pourtant, ça n'est pas toujours évident.
Tes parents avaient l'intuition que ça allait plaire, ou dans la famille c'est comme ça?
Non, non, dans la famille ce n'était pas du tout comme ça. Mon père avait fait un peu d’accordéon dans sa jeunesse mais je ne l’ai jamais entendu jouer. Mon grand frère lui avait essayé, mais il a vite arrêté. Moi, j'avais le goût déjà pour le chant. Tout petit aux repas de famille je chantais des chansons que j'apprenais à l'école. C'était une petite animation.
Te souviens-tu de ce que ça provoquait en toi et qui te plaisait?
Je pense que c'est surtout le fait de provoquer l'intérêt des gens. Je ne sais pas si j'y pensais à cette époque, mais j'aimais bien faire le pitre, attirer l'attention. Je trouvais que la chanson c'était pas mal pour ça : plus calme, moins dangereux, et ça marchait bien.
Tu t'es mis à écrire des chansons, donc des textes à partir de quand?
Fin du collège, début du lycée. C'était les premières fois, les premiers chagrins d'amour... qui font qu'on écrit des petites chansonnettes assez maladroites mais sincères. A cette époque-là, je savais déjà assez bien faire de la guitare donc je pouvais chanter ces chansons aux copains copines de temps en temps.
Le couple musiques / textes venait facilement ou c'était un travail fastidieux?
Ce qui me vient en premier, même encore aujourd'hui, c'est surtout la mélodie. Le texte au début c'était de l'écriture facile, donc ça me venait assez vite, mais j'ai plus de facilité à trouver une bonne mélodie, des refrains intéressants. Développer les paroles, c'est toujours plus difficile pour moi mais je m'en sors de façon générale.
Tu t'en sors bien, même. Il y a beaucoup d'humour et de poésie dans tes chansons.
C'est ce que j'essaye de faire transparaître. Sur des sujets assez généraux, trouver un angle d'attaque original pour ne pas tomber dans un truc trop bateau. Ça peut être par l'humour, des jeux de mots, un tableau dépeint sur une situation donnée, des instants de vie à raconter...
Donc, vous partiez avec ton pote sur la route l'été... pour chanter quoi?
C'était principalement des reprises à cette époque-là. Il y avait peut-être une ou deux compos mais on ne les mettait pas en avant. Mon pote, Laurent Boissier, et moi, on s’était rencontrés à l’école de musique de Sainte Luce. Il venait avec son Djembé, moi avec ma guitare acoustique et on chantait à deux voix. J'étais plutôt chanteur lead, il faisait les tierces à côté, c'était vraiment chouette. Je devais avoir 16-17 ans. On a fait ça trois ans de suite. La dernière année, on a fait la connaissance d'autres musiciens. Du coup, à mi-chemin, on a continué à 4. C'était deux guitaristes chanteurs parisiens, on a fini le séjour ensemble. Ils avaient une dizaine d'années de plus que nous. On a mis en commun nos répertoires, on a fait une petite tournée et on s'est revus après : ils nous ont invités sur Paris, on les a invités sur Nantes pour faire des concerts. C'était un peu mes premiers concerts sérieux : partir jouer à Paris à 17 ans... C'était vraiment une belle aventure. A cette époque-là, au niveau des reprises, c'était Cabrel, Eagles, Beatles... On avait une cinquantaine de titres ça faisait un peu bal dans l'esprit, mais on prenait du plaisir à jouer. On a beaucoup appris grâce à ça.
Vous avez commencé à 2, fini à 4... Tu fonctionnes beaucoup sur le collectif, non?
J'aime bien m'entourer, participer à des projets, rencontrer des gens. Je trouve ça vachement enrichissant. Si je pouvais faire des formules beaucoup plus grosses ça m'intéresserait vraiment. Mais le côté économique est toujours là et c'est plus compliqué de partager ces moments avec beaucoup de monde. On se le permet avec le "French Wild Gang", un groupe de Blue grass festif dont je fais partie. Que des potes, de la bonne humeur, 5 sur scène mais on ne joue pas très souvent à cause de nos emplois du temps. C’est un peu notre petite récréation musicale.
Tu aimes beaucoup donner aux autres.
Oui. Enfin, je ne sais pas. C'est un peu compliqué parce que donner, moi, ça me fait plaisir... Est-ce que c'est égoïste de donner quand ça nous fait plaisir ? Ça peut être intéressant d'y réfléchir. En tout cas, donner, ça ne me coûte pas.
Tu créées seul avec ta guitare ou en groupe ?
Principalement seul. Sur les premières idées, on va dire, mélodies et textes, j’aime bien être isolé pour faire les prémices.
Tu fonctionnes comment?
Ça dépend des fois. En ce moment, je pars plutôt d’un riff de guitare. Il peut m’arriver d’écrire des paroles et de les mettre en musique. Mais la plupart du temps je compose beaucoup de tête, du coup, je n'ai pas besoin d'instrument. J’enregistre régulièrement des mélodies chantées en yaourt sur dictaphone, ce qui me permet de ne pas perdre une idée quand je n’ai pas le temps de la développer sur le moment. Je réécoute ensuite et si elles m’inspirent j'essaie de trouver des paroles en français se rapprochant des sonorités qui me venaient en anglais. Je trouve le refrain et, après, je développe les couplets.
Le sujet et les paroles de la chanson naissent de la musique?
Souvent. Les sonorités m’intéressent et j’en tire l’inspiration pour raconter quelque chose qui me touche suivant l’état d’esprit dans lequel me plonge la mélodie. Des paroles qui résonnent souvent avec mon histoire présente ou passée.
La musique elle même naît de quoi?
C'est une bonne question parce que j'en ai en permanence dans la tête. Je pense que c'est un besoin naturel. Comment elle naît? De la globalité de ce qui me parvient, sans doute. C'est un peu une synthèse de ce que j'écoute et d'airs qui ont dû m'inspirer inconsciemment. Et ça dépend aussi de mon humeur. Si je suis plutôt joyeux, ça va être un truc assez rythmique. Si je suis un peu mélancolique, ça sera plus calme.
Ton cerveau produit spontanément de la musique?
Oui. Souvent, c'est ce que j'ai envie d'écouter sur l’instant. Je ne suis pas un gros mélomane, je n’écoute pas énormément de musique. Du coup, plutôt que de chercher des choses que j'ai envie d'écouter, je vais les créer.
On n'est jamais mieux servi que soi même! Une fois que tu as les prémices de ta chanson, tu fais appel à d'autres ? Comment ça évolue?
Souvent, j'ai quand même des bases : une idée globale des rythmes et des arrangements. Après pour être plus précis parce que je ne suis ni un bon batteur, ni un bon bassiste, je fais appel, en tout cas sur “RIMO et les imparfaits”, à Pierre Lenormand pour la batterie et Stéphane Rousseau pour la contrebasse. J'ai les grandes lignes et ils sont libres de proposer ce qu'ils veulent pour leurs parties. Au début, je suis parfois un peu réticent, mais ils font avancer la chanson et ils viennent souvent la sublimer. Je trouve ça important qu'ils s’expriment aussi et c'est ça qui est intéressant.
Tu leur laisses leur espace ?
Voilà. En tous cas les propositions, les leurs, les miennes, on les essaie sans se poser de questions. Au final, on voit si ça marche ou pas.
Vous vous voyez régulièrement ? Tu as un endroit pour ?
Avant on répétait chez moi une fois par semaine dans mon petit studio. Mais, Pierre, le batteur, a son studio aussi et on n'est plus chez lui en ce moment. On a un peu changé la cadence : on fait plutôt des sessions de deux - trois jours d'affilée toutes les deux - trois semaines, ça dépend de nos projets à côté, des emplois du temps. On essaie de projeter à l'avance et on voit les temps qu'on a chacun.
RIMO n'a jamais été tout seul?
Si, si. On va repartir dans le passé. Entre 2004 et 2008, j’ai formé le groupe “TiDom” avec des potes. A cette époque-là, la chanson française était vraiment à la mode et on a beaucoup tourné. On a sorti un trois titres, un album et puis le groupe s'est séparé. On fait des petits revivals de temps en temps et vous pouvez retrouver une bonne partie des musiciens dans le groupe “Wesh Braü”… Enfin bon, je m’étais beaucoup investi dans ce projet et le fait de devoir repartir à zéro était très compliqué pour moi. J'ai donc décidé de me lancer en solo: il y avait peu de chance que je me sépare de moi-même et que je sois obligé de tout recommencer… J’ai donc travaillé et au bout d’un an j’ai trouvé mon nom de scène “RIMO”, mes initiales - comme quoi je ne suis pas toujours très rapide. Pendant 3 - 4 ans, j'ai tourné en solo et j'ai sorti mon premier album, "9 et le recyclé". A la suite de ça, j'en avais marre d'être tout seul, j'avais besoin de monde autour, j'ai donc monté un trio.
Tu te sentais bien, seul avec ta guitare quand même?
Je me sentais bien, ça allait. Enfin, avant les concerts, c'était toujours un peu dur, j'avais tendance à stresser, j'avais beaucoup de poids sur les épaules... mais une fois que le concert était lancé, je me sentais bien. Cette expérience m'a appris beaucoup dans le rapport avec le public. C'est hyper important, vu qu'on n’a personne autour.
Tu as appris des techniques, acquis des réflexes...? Qu'aimes-tu en particulier dans ce rapport-là?
J'avais été mis en scène par Thérèse, elle m'avait coaché sur les entre chansons... C'était la première fois que je savais ce que j'allais dire au public, du coup, j'étais quand même assez à l'aise. La difficulté était pour moi de parler au public tout en restant naturel afin d’introduire au mieux la prochaine chanson. Ce boulot, je ne le connaissais pas. Il m'a beaucoup intéressé et me sert encore aujourd’hui.
Tu as donc développé RIMO pendant trois ans et à un moment, tu t'es retrouvé en trio.
Oui. C'était un choix. J'en avais vraiment marre de faire la route tout seul, j'avais envie d'énergie. Je venais d'un groupe festif et ça me manquait beaucoup sur scène de ne pas pouvoir envoyer un petit peu plus. Pour les chansons "toniques", tout seul à la guitare, tu ne vas pas très loin. Il me fallait une section rythmique et j'ai opté pour une batterie et une contrebasse.
Qui t'a rejoint ce moment là alors?
François Saumonneau à la contrebasse, Nathan Dallérac à la batterie.
Sacré trio!
On s'est bien amusés. L'année d'avant, en solo donc, j'avais fini troisième au concours de la médaille d'or de Saignelégiers en Suisse et j'avais gagné une résidence d'une semaine pour travailler avec Jean François Delfour qui a collaboré avec MC Solaar et Yves Jamait. Cette expérience nous a vraiment aidés à trouver quelque chose, un truc à nous trois.
Tu avais déjà ton répertoire. Il a évolué en trio?
L'idée était de le garder, mais de le rendre plus vivant, même si j'avais quelques chansons sur le feu destinées au groupe. Donc, il y a eu un petit peu des deux: nouvelles compos et les autres revisitées. En plus, je sortais l'album, il fallait donc que je chante des chansons qui étaient dessus.
Le groupe s'appelait toujours RIMO?
Oui. J'avais gardé le nom. Pour moi c’était la continuité de mon projet musical. On a tourné un peu, mais, assez vite, François n'a pas pu continuer. Du coup j'ai cherché un autre contrebassiste et c'est là que Stéphane Rousseau est arrivé. Il joue encore avec moi aujourd'hui. On a dû tout retravailler assez vite car on était pris pour le festival Chant’appart, que je remercie au passage pour son soutien et sa confiance. On l’a ensuite présenté dans des bars de la région et des associations, mais je n'ai pas réussi à tourner énormément ce projet. J’aime bien faire de la musique... la vendre, c’est un autre monde pour moi. De plus je commençais tout juste à faire partie du Syndrome du Chat.
Sacré groupe aussi...
Oui. J'ai eu de la chance, c’était une super équipe. De plus les deux spectacles combinés m'ont permis d'avoir l'intermittence. C'était génial ! Même si pour mon projet, j’avais beaucoup moins de temps et lier les deux n’était pas simple.
Oui, parce que tu as collaboré à énormément d'autres projets.
Pas mal quand même. Il y a 3 ans, le jardin des plantes m’a demandé de composer une chanson sur des paroles de Claude Ponti. J’ai eu la chance de le rencontrer et la musique est passée tout l’été sous le banc géant... Cette année, j’ai également composé une chanson pour l’anniversaire du collectif culture Bar-bars. Elle leur a beaucoup plu, on est partis l’enregistrer au Garage Hermétique avec plein de guests de la scène nantaise. J’étais très heureux de faire plaisir à ce collectif qui fait tant pour la culture dans les bars.
La dernière fois que je t'ai vu, tu accompagnais Corentin.
Oui, je fais ça aussi. Je suis son guitariste, il est en recherche en ce moment, je l'aide sur son projet.
On en parlait tout à l'heure: tu aimes aider les autres à faire aboutir leur propre projet.
Oui et je trouve que c'est important de prendre un peu de temps pour les amis. J'ai de l'expérience et faire des arrangements guitare pour Corentin, c’est assez rapide pour moi. On passe du bon temps ensemble et si ça peut l’aider, c’est cool !
Dans ce que tu disais au tout début, tu es quand même plus musicien que chanteur - même si tu fais les deux. Ton univers, c'est plus la mélodie elle même...
Mélodies et arrangements. J'aime bien la création. Dans tous les groupes que j'ai eus, j'ai très peu fait de reprises à part au tout début.
Là, justement, Corentin est en train de créer son univers.
Oui. ll est en pleine réflexion. Je ne sais pas où ça va aller, mais je l'encourage à faire comme moi : travailler trois quatre chansons en solo pour les défendre à des concours auteur compositeur interprète, faire des premières parties. Développer tranquillement son projet et se faire connaître.
A un moment, tu as donc rejoint "le Syndrome du Chat"en tant que guitariste... C'est une belle aventure aussi.
Une très belle aventure. Le groupe sortait son deuxième album, se professionnalisait et il y avait une bonne tournée, ça commençait à prendre. On a joué un peu partout en France pendant quatre ans. C'était vraiment des chouettes moments et une super rencontre avec tous les membres.
Parallèlement tu avais d'autres projets?
Parallèlement à ça, je continuais mon projet, à écrire et à composer, même si ça ne tournait pas beaucoup, mais, grâce aux Chant’Appart, je suis allé au Québec faire des ateliers d'écriture. On est partis en Tanzanie aussi pour jouer pour la fête de la musique. Avec le Syndrome du chat, on est partis la même année au Kazakhstan pour l'Alliance Française et en Slovaquie. Il y a eu des moments chauds à gérer au niveau de mon emploi du temps! Et puis, le Syndrome du Chat s'est arrêté. Entre temps, j'avais commencé à composer des chansons pour enfants. On s'est retrouvés avec Simon Claude – ex chanteur du Syndrome qui œuvre dans CORBO maintenant. On s'est dit: ça serait pas mal de mettre ces chansons en musique ensemble et on a monté "Coucoucool" pour faire des spectacles pour enfants. On a eu raison: ça marche vachement bien. On s'amuse sur scène et ça nous fait plus de la moitié de notre intermittence. Pour l'instant, c'est de la pop-folk, un peu dans l'esprit Aldebert on va dire. Les enfants aiment bien, les parents aussi.
Là, tu es chanteur, compositeur? Vous êtes tous les deux?
J'ai composé les premières chansons, on a fait les arrangements à deux, pour le premier spectacle qui s'appelle "ça me plaît". On commence à écrire le deuxième et là par contre on compose à deux. Simon propose ses chansons, je propose les miennes... On fait les arrangements ensemble. Il y aura un vrai mélange de nos deux côtés créatifs. Pour "L'Arnaque", c'était pareil. Je finissais le Syndrome du Chat, j'avais un peu de temps, du coup avec Momo, on s'est retrouvés. Au début, on a pris des chansons de nos deux répertoires, on les chantait à deux, mais ça ne marchait pas du tout: c'était quand même vachement mieux avec nos groupes. On s'est donc mis à écrire ensemble des chansons différentes. On a trouvé un nom, “l'Arnaque”. A partir de ce moment-là le concept était clair: de la chanson humoristique festive à quatre mains. C'est un bon partage encore.
Et vous avez fait un super clip!
Merci ! C'est encore une belle aventure avec un ami réalisateur, Thibaud Collin. C'était bien chaud: on n'avait qu'une journée pour tout tourner, dans notre bar de prédilection "L’Art Scène" qui devait ouvrir au public à 18h. Il y avait une vingtaine de figurants, des acteurs, beaucoup de scènes à tourner mais on est allés jusqu'au bout et on est très contents du résultat.
Pour tous ces projets, il y a une structure derrière ?
Pour "Coucoucool", c'est “Le mouton à cinq pattes” et quelqu’un nous cherche les dates depuis peu de temps, on est peinards. Pour “L'Arnaque”, on est toujours en recherche de tourneur donc pour l'instant, on fait tout. On est en train de voir s'il y a des gens intéressés pour s'en occuper. On attendait de bien tourner pour que ça donne envie aux gens... C'est juste un duo. On ne galère pas trop à le vendre et on n’est pas très doués pour ça, donc si quelqu'un est intéressé par le projet, il a tout à y gagner. “Rock with You” fait toute notre administration et nous donne des conseils. "RIMO et les Imparfaits", c'est pareil, c'est encore de la débrouille. L’arrivée de Pierre Le Normand dans le groupe en remplacement de Nathan Dallerac à la batterie a marqué un tournant. J’avais envie de mettre de côté les balades folk, de me mettre un peu plus à la guitare électrique et d'avoir un projet qui laisse plus de place à la musique. L’implication réelle des musiciens sur les arrangements et le changement de style m’ont poussé à voir ce projet plus comme un groupe, d’où "RIMO et les Imparfaits". Ça a mis du temps, surtout que je composais pour 3 projets en même temps, donc, je ne savais plus où donner de la tête. Il fallait trouver le fil conducteur. Là, maintenant, c'est bon on commence à bien voir les choses, on a un visuel, des costumes... et le premier clip qui sort (réalisé par Thibault Charbonnier). Ca devient sérieux. On sait où on va, on sait ce qu'on veut.
"RIMO et les Imparfaits" n'est plus si imparfait!
Exactement. Mais "les Imparfaits", ce n’est qu’une illustration: j'en fais partie, comme tous... On a tous des différences qui font notre force à chacun. C'est un peu le thème des chansons.
Comment vois-tu l'avenir ?
Malgré le contexte actuel, je le vois assez sereinement, enfin ! Le jeune public marche bien, je me sens en sécurité. “L'Arnaque”, c'est pareil, ça tourne ! Ces deux projets là sont chouettes et ils se développent : il y a un nouveau spectacle en création avec "Coucoucool" pour la saison prochaine, sur "l'Arnaque", on est aussi en train de travailler sur une suite du projet. J’ai aussi "French Wild Gang", le groupe de Blue grass pour les petits moments de détente entre amis. Et "RIMO et les Imparfaits" donc avec plein de nouveaux morceaux en préparation. Au niveau chronologique, c'est juste très bien. La sécurité de "l'Arnaque" et "CoucouCool" me permet de prendre plus de risques sur "RIMO et les Imparfaits", de faire un truc plus original, de ne pas être dans la course au cachet et de faire quelque chose plus personnel. C'est chouette.
...authentique on va dire quoi.
Voilà, c'est exactement ça. Je prends beaucoup de plaisir dans "Coucoucool" et "l’Arnaque", mais ils me font vivre, donc il y a quand même un enjeu assez fort derrière. De plus, ce sont de vrais duos avec une importance égale de chacun. Sur "RIMO et les Imparfaits", je me sens plus libre de faire ce qui me plaît, et comme on est plus nombreux, on peut pousser plus loin les arrangements.
Peux-tu nous parler du Cri du Berlingot ?
Ça c'est encore autre chose. On a remarqué qu'on était plusieurs groupes d'amis à chanter en français sur Nantes et à chaque fois qu'on parlait de chanson française, on devait se justifier. Pour beaucoup la chanson à texte est soit quelque chose d’ennuyant ou prise de tête, soit quelque chose de festif avec de l’accordéon, sans dénigrer l’un ou l’autre. Nous, on a voulu se mettre ensemble pour dire: regardez, on fait de la musique francophone, et ça peut-être du rock, de l’électro, de la folk … ça peut être tout ce qui porte un nom dans une autre langue mais chanter en français. La chanson c'est multiforme. L'idée du collectif, c'est aussi de s'entraider, de se filer les plans, créer des événements pour défendre les projets de chacun et s'associer aussi sur des soirées, diffuser aussi les événements des autres pour les partager, pour les faire connaître à nos publics. Il y a pas mal de choses comme ça. On a également un partenariat avec la Bouche d'air et Trempolino afin de créer un événement dans lequel nous serons tous réunis. Ce sera sur la prochaine saison à la salle Paul Fort … On a déjà commencé à travailler et ça annonce une belle soirée… Mais je n’en dirai pas plus. C’est une surprise !
Pour toi c'est important que ce soit la chanson francophone
Pour ma part, j'ai toujours écrit en français... Et pourtant des fois j'ai bien galéré ! Je peux comprendre les gens qui écrivent en anglais, il n'y a pas de problème, et je n’exclus pas non plus le fait de le faire moi-même un moment ou un autre. Mais le pourcentage est à mon goût un peu trop élevé et je trouve ça un peu dommage de ne pas exploiter plus notre belle langue. Il y a moyen de faire des choses intéressantes, il suffit parfois juste d’essayer.
Dans "RIMO et les imparfaits", tu as envie de raconter quelque chose de particulier?
Je parle justement des imperfections, c'est un terme qui globalise beaucoup de choses et qui se retrouve dans l'humain en général. Quelles soient personnelles ou sociétales, malheureuses ou bienfaitrices. Elles se retrouvent dans nos amours, dans nos façons de penser, dans nos actions. Et j’aime bien faire remarquer que toutes ses petites imperfections nous rendent tous uniques et que la perfection est loin d’être parfaite.
Le clip sera prêt tu disais bientôt . Est ce que tu aurais envie de dire un mot pour conclure sur comment tu vois le monde de la création, la chanson française par exemple de la chanson en général, de la musique, du spectacle...
Comment dire ? D’un côté, je me sens un peu perdu car le numérique est bien complexe. On passait déjà beaucoup de temps à composer, démarcher, répéter, créer nos visuels, faire nos sites internet, enregistrer, sortir des albums, merchandiser et j’en passe, maintenant il faut communiquer sur les réseaux sociaux… A vrai dire, j’ai du mal. J’aime monter sur scène mais poster des selfies à tout bout de chant, c’est pas mon truc. De plus, j’aimais bien faire des albums mais vu le prix que ça coûte et le nombre qu’on en vend... D'un autre côté, c'est vraiment une chance de pouvoir produire très vite, faire des créations et les partager très rapidement. C'est bien pour la diversité. Les moyens de production sont devenus très accessibles et tout le monde peut montrer assez facilement ses créations. Donc, tant qu’il y aura des artistes et des gens pour les écouter, tout devrait bien se passer. Mais il ne faut pas oublier que la musique n’est pas un chant d’oiseau: il y a beaucoup de travail derrière! La gratuité ne peut donc pas être systématique.
Propos recueillis par #PG9
...pour découvrir le nouveau clip de "RIMO et les Imparfaits" dont nous parlons plus haut, cliquez sur l'image!
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