Le Chantier des Francos est unanimement reconnu comme étant un extraordinaire vivier d'artistes émergents (André Hisse, directeur - programmateur de la Bouche d'air - scène chanson à Nantes en parle ici)... Chine Laroche en fait partie. Elle vit déjà de la musique, comme elle l'explique ci-après, fera la première partie de Camelia Jordana Mercredi 10 Juillet. Quand elle écrit et compose, elle s'enferme dans sa bulle, mais quand elle joue et parle, elle en sort pour être vraiment là, les yeux qui pétillent, avec le public ou son interlocuteur dans un grand éclat de rire - ou de percussions corporelles... Bienvenue dans la bulle généreuse de Chine Laroche!
Bonjour Chine! Dans une ITW récente (pour "Basique"), vous dites que la musique vous est rentrée dans l'oreille vers 7-8 ans en voyant un copain de vos parents "s'éclater au piano"...
Bonjour Philippe. Oui ! Un pote de mon père passait de temps en temps à la maison, il s'éclatait avec ses morceaux. Un jour, il joue puis s'en va du piano et je commence à m'en approcher... Je passais devant sans y prêter plus d'attention que ça avant, je trouvais que c'était un bel objet mais je n'avais pas encore d'affinité avec. Je m'approche donc du piano, je commence naturellement à reprendre la mélodie qu'il faisait... j’ai eu une approche super instinctive en fait. Ca m’a passionné de pouvoir saisir une mélodie dans l’air. Après, j'ai eu envie d'apprendre. J'en ai fait douze ans. Voilà comment tout a commencé.
Votre manière d'en parler était vraiment pleine de sourire et d'étoiles dans les yeux, comme si la musique était une fête...
Oui. J'ai un rapport plutôt festif à la musique... Après, c'est vrai que je fais de la musique enregistrée, mais j'ai un amour profond pour le live. J'ai appris le jazz aussi, l'impro. J'adore ça et j'aimerais bien, dans le futur, développer ce côté plus live, plus dans l'instinct de l'instant...
L'un n'empêche pas l'autre, vous pouvez très bien composer, travailler toute seule chez vous et sortir pour vous nourrir.
Complètement. Je fais du piano jazz à côté d'ailleurs. J'adore les jam ! Quand je sors et que les potes ont leurs instruments, je trouve ça super amusant. Et puis, c'est universel. Dans tous les pays, tu sors une guitare, un djembé, un harmonica, ça met tout le monde d'accord en fait. C'est spontané, c'est ce que j'aime bien.
Vous vous baladez avec un instrument sur vous?
Oui, j'ai mon petit kazoo ! Non, ça dépend, mais en général dans une soirée il y a toujours un instrument qui traîne. Après, ça peut être aussi de la percussion corporelle du scat ou n'importe quoi... Je me suis déjà mise à faire du scat à 5h du mat' parce que ça sortait comme ça, il n'y a pas besoin de grand chose, il suffit juste d'un peu de panache quoi...
D'un peu d'imagination... De folie !
Oui, voilà.
Donc, vous vous mettez au piano,vous faites le Conservatoire et, un jour, vous découvrez la MAO...
Oui. C'est mon père qui m'a mis devant le truc exprès. Il avait acheté un petit synthé. Du coup, dès qu'il était pas en train de bosser, hop, je me mettais sur son ordi et je faisais des sons, plein de sons différents. C'est lui qui m'a dit essaie, ça peut être marrant.
C'est un besoin d'évasion ? Un besoin de quoi ?
Honnêtement, je trouvais juste fantastique d'avoir un ordi avec des millions de synthés différents dedans. Tu as une librairie de sons incroyable et tu peux en rajouter avec des plugs, tu peux utiliser des samples... Ca m'éclatait qu'avec un synthé tu puisses faire des batteries, des basses... A la base, j'avais commencé sur i-pod touch, je me souviens. J'avais pris l'i-pod de mon père et j'avais acheté un tout petit cable qui permettait de brancher la guitare directement dessus. C'était top. Je n'avais pas besoin d'ampli, je faisais des petites créas comme ça. Ca plantait tout le temps, l'écran était tout petit, mais j'ai quand même fait des trucs cools.
Juste avant d'aller plus loin, il y avait un piano chez vous, donc la musique était déjà dans la famille ?
Oui. Un piano et une basse que mon père avait achetée quand il était plus jeune, il y avait aussi un saxophone et c'est tout.
C'est déjà pas mal !
Oui, après, lui il ne jouait pas plus que ça. Le piano, c'était un cadeau pour ses 30 ans.
Aujourd'hui, c'est votre métier...
Oui, complètement. Je fais de la synchronisation pour de la musique à l'image, je donne des cours de piano, mais c'est ma dernière année... Il y a les concerts, les événements, les arrangements que je fais pour d'autres projets.
Et puis, il y a le Chantier des Francos. Qu'est ce que ça veut dire ? Comment ça se passe?
Le Chantier, c'est une aventure humaine. Tu arrives, tu dois avoir tes propres objectifs et ils t'aident à les réaliser, à avancer dans ce que tu veux parfaire, mais sans que ça soit "scolaire". Ca reste une aventure faite pour toi, que tu construis à ta manière avec l'aide de tout le monde, certes, mais il faut y aller motivé. Ils nous guident aussi quand même. Moi, ce que je ressens, c'est que ça m'a permis de prendre du recul sur le live. J'avais l'impression de jouer l'EP sur scène. On a pu avec mon batteur enlever des choses dans les back tracks alléger, parfois faire des impros juste guitare-voix seule et ensuite Robin me rejoint, on lance une back track... ça a permis d'avoir quelque chose de plus live.
C'était votre objectif ?
Oui. Après, on fait plein de rencontres. C'est ouvert en fait, l'objectif. On fait de la musique, on travaille, on voit les back tracks. J'ai pu refaire du son, bosser les lumières, la scéno... On aborde vraiment plein de points qui sont essentiels dans le live et auxquels on ne pense pas toujours. Franchement grande aventure et je termine par la 1ère partie de Camélia Jordana... Super ! Je suis ravie de participer aux Francos. Vraiment.
"Outsider" est sorti. Quels sont vos projets après ? Qu'est-ce qui va se passer après les Francos ?
Je continue les concerts. On sort un nouveau titre en septembre. Après on va sortir l'album en novembre ou en janvier. On va prendre le temps de le faire bien.
Ce que vous faites est très bien. Très agréable à écouter, planant. Vous dites que vous vous mettez dans une bulle pour écrire, pour travailler, pour réfléchir à ce que vous faites, mais vous nous mettez nous mêmes dans cette bulle: vous la transférez. L'univers est poreux. On a le sentiment d'être dedans.
J'aime bien ce que vous me dites... merci, ca me plaît ! (rires partagés) Poreux, c'est vrai. C'est le mot.
Ca vient, notamment, de quelque chose qui est très fort : votre écriture. Les mots utilisés, les images... Comment travaillez-vous vos textes eux-mêmes ?
Je n'ai pas vraiment de méthode en fait. En général j'écris plus quand j'ai la musique, elle m'apporte des images, elle pose un contexte une ambiance donc après c'est plus facile pour moi. C'est comme si je faisais les sous-titres de la musique finalement. C'est elle qui m'inspire. Après, il y a plein de trucs que j'aime dans la langue française. J'aime bien parfois utiliser les mots pour poser des ambiances, des décors, sans faire des phrases trop longues. Ma mère écrivait des nouvelles courtes quand j'étais petite, elles ne sont pas éditées, mais elle avait une façon décrire des choses un peu à la Raymond Queneau, une écriture simple, mais pas naïve. Après, tant que je n'ai pas fini un texte, je reste dessus. J'essaie de tout construire d'un coup pour ne pas y revenir 36 fois et perdre l'impulsion. Pareil pour le son, quand je commence un morceau, en général, je vais jusqu'au bout.
Vous avez décidé de basculer de l'anglais au français ?
Oui. C'est l'effet brexit ! Là on ne joue plus les morceaux en anglais en live donc, c'était bien de sortir un EP avant l'album pour pas que ça soit trop cash. Peut-être que je reviendrai à l'anglais, je ne me ferme pas les portes non plus. J'avais besoin d'écrire en français. J'ai un amour pour la langue française que je n'osais pas exprimer avant. C'est sorti tout seul, je suis contente.
Propos recueillis par #PG9
Rendez-Vous aux Francofolies de la Rochelle Mercredi 10 Juillet à 15h au Théâtre Verdière en 1ère partie de Camelia Jordana - infos: www.francofolies.fr
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