Vous avez envie de vous lancer dans la musique? Lisez ce qui suit. Vraiment. Vous allez apprendre plein de choses. Et que, tout d'abord, pour réussir et se faire des contacts, il faut travailler. Point. Produire, écrire, chanter, chercher des dates par soi-même avant d'être épaulé par d'autres dont c'est le métier. Surtout, n'ayez pas peur d'être vous même: foncez! Bienvenue dans le monde doux et sensible de Alma Forrer. Bonne lecture!
Note: cette ITW a été réalisée ce lundi 8/07
Bonjour Alma. On est à la veille des Francos, ça va vous respirez déjà l'air de l'océan?
Je suis encore à Paris. On répète demain, mardi, avec tout le monde. Mercredi après-m' on part en train avec les copains. Donc là je respire plutôt la pollution.
Vous ne faites pas un convoi de Harley Davidson ?
Et non. Pourtant, je suis en train de faire un sac à dos pour mon chien, Lili. Je l'aurais emmenée sur mon dos, ça aurait été trop bien ! J'aurais adoré... Mais, malheureusement on ne peut pas toujours réaliser tous ses rêves. Pas tout de suite en tous cas.
Actuellement, vous êtes quand même en train de réaliser un certain nombre de vos rêves...
Oui. Le Chantier, tout ce qui se passe autour de ça, les rencontres, les répètes, la promo... Cette année était cool.
Pouvez-vous expliquer comment se passe le Chantier des Francos?
Tu as un projet global de sortir un disque ou un EP, ou un projet comme ça sur une année. Un objectif. Et le Chantier essaie de t'aider sur un point spécifique du développement de ce projet. Moi, par exemple, j'avais enregistré mon album, il n'était pas encore sorti -il va sortir le 25/10- à l'époque où j'ai postulé pour le chantier mon objectif était de monter le concert. Je n'avais pas encore tous les musiciens, on n'avait pas travaillé la scène... C'était le but du Chantier. J'étais allée avec deux musiciens, on a commencé à monter le set et maintenant ça s'est enrichi, on est un peu plus nombreux. On a convaincu le label d'investir un peu plus, on a trouvé un équilibre dans notre travail ensemble pour que je garde mon indépendance mais qu'ils aient leur mot à dire quand même. Maintenant, j'ai 3 musiciens : Vincent David qui fait la guitare, Vincent Pedretti à la batterie et Lili Ster au clavier. Et moi je fais de la guitare. Tout ça, c'est grâce au Chantier.
Il n'y a pas une autre Lili aussi dans votre sac à dos?
Oui. Il y a aussi mon chien qui s'appelle Lili ça craint. C'est un grand souci, on ne sait jamais de qui je parle. Il y a trop de Lilis dans ce monde...
Ou pas assez ! C'est un beau prénom.
Très doux.
Comme Alma d'ailleurs...
Oui. C'est vrai je n'aimais pas mon prénom quand j'étais petite mais maintenant je suis contente. Je lui découvre toujours une nouvelle signification et je crois que ce qui me plaît le plus dans ce prénom, c'est qu'il a un sens en hébreux, en arabe et en latin. C'est un prénom qui ne vient pas d'un pays spécialement, il vient de partout, c'est beau. Ca veut dire l'éclat de lumière en arabe, la jeune fille en hébreux et en latin c'était un des noms pour parler de la vierge dans la Bible.
Comment avez-vous démarré la musique?
J'ai commencé à chanter au lycée en écoutant vraiment de la chanson française. J'étais en amour de Marie Laforêt, je la voulais en modèle de femme. Je voulais avoir sa prestance. Je ne suis pas du tout devenue comme ça, mais passons. Je n'écoutais que des chansons d'amour, j'avais trop de choses à raconter pour me soulager de mes peines de coeur et j'ai commencé à écrire comme ça. Par pur romantisme je pense. Et c'est toujours ça. Je ne suis pas une machine à tubes mais j'écris des chansons qui me font du bien à moi. J'ai commencé à la guitare pour m'accompagner. Sur un plan un peu plus global, je suis rentrée à la Fac en histoire de l'art et parallèlement, j'ai commencé à auto-produire des petits EP. Le 2ème est vraiment cool, j'aime beaucoup de choses dedans. J'ai signé chez BMG et chez Caramba en Tour et là on a commencé à bosser sur l'album que j'ai enregistré il y a un an et demi et qui sort enfin. C'est comme ça que tout s'est monté. Donc, je suis très contente.
Pour reprendre au tout début, quand vous écrivais vos premières chansons tristes, les musiques venaient comment ?
J'ai fait du piano, j'ai toujours fait un peu d'instruments par plaisir. Quand j'ai commencé à écrire des chansons, je les écrivais et je prenais ma guitare. C'est un instrument qu'on peut apprendre tout seul, j'ai commencé en do sol la mineur en gros. Après toutes les chansons c'est les mêmes accords. Au début je chantais les chansons que j'aimais, qui m'inspiraient. Une des premières quand même parlait de glycine c'est tellement romantique. Je disais que j'étais sous les glycines chez ma grand mère et que je pensais à un garçon qui ne m'aimait pas, classique... C'était vraiment très romantique!
Cet attrait pour l'écriture vient du désir de se confier ?
Oui, vraiment. Et puis en même temps je me suis beaucoup identifiée à des chanteuses semblables à "textes émotifs". C'est comme ça que j'envisageais la chanson, la musique. Ma façon d'écrire est influencée par une forme de chanson française réaliste finalement. J'ai beaucoup écouté de folk, mon père écoutait beaucoup Dylan avant. A la fac, j'ai rencontré Baptiste Hamon, il m'a fait découvrir des chanteurs country incroyables genre Stivell et beaucoup d'autres. J'ai découvert ce qu'est le vrai song writing, la vraie country, qui n'est pas du tout le cliché qu'on pense qui est en fait de la poésie chantée et ces textes. Ca m'a touchée, influencée. J'écoutais Emmylou Harris, je me suis identifiée à des femmes comme ça, pas que, à des poètes aussi.
De fil en aiguille, vous avez sorti des EPs en auto-production et commencé à tourner?
Au début j'ai fait un peu toute seule, des bars, des open mike et après quand j'ai commencé à avoir des concerts, j'ai trouvé un tourneur. Le tourneur m'a pris en main, ils ont cru en moi, ils m'ont encouragé. L'entourage professionnel, les rencontres, la vie... c'est un ensemble. J'ai fait beaucoup de premières parties de Vianney parce que j'avais fait une chanson pour une copine qui est chez Polydor et lui aussi. Il avait écouté, ça lui avait plu. J'ai presque fait une 20aine de ses 1ères parties. De la Grande Sophie aussi. Biolay ça m'est tombé dessus comme ça. En fait, la vie a fait que j'ai commencé à tourner, à faire des premières parties.
Vous avez réussi à provoquer des choses...
Je n'ai jamais appelé personne en fait. Biolay je connaissais un peu sa manageuse par des copains. A un moment, il cherchait des premières parties, elle a demandé autour d'elle qui connaissait qui... Je ne sais pas en fait je n'ai aucune idée de comment ça vient. Mais j'étais hyper touchée.
Tout est venu de votre travail, des productions...
Oui, je pense que c'est ça. Du coup que c'est cool tant mieux. Je préfère que ça se passe comme ça plutôt que d'aller quémander.
Bravo ! Et il y a un an et demi... vous avez signé chez BMG.
J'ai signé un label chez BMG et j'ai fait un disque avec eux. J'avais fait beaucoup de premières parties, je commençais à écrire de nouvelles chansons. J'avais envie de sortir de ma zone de confort, je voulais écrire autrement. En fait, un ami faisait des instrus avec des boites à rythmes analogique, je trouvais ça très beau. Je me suis mise à écrire, à composer sur ces instrus sans penser pas à mon album. Je n'ai pas une grande technique à la guitare et du coup j'avais l'impression de tourner en rond, de raconter toujours les mêmes trucs avec les mêmes accords, je voulais essayer d'autres trucs donc cet album-là, je l'ai fait à moitié avec des tentatives de trucs qui ont rendu les chansons plus pop. Moins folk en fait moins guitare en plus il y a plus de synthés, ça reste quand même doux, du coup, il y a moitié de balades comme avant quoi et moitié de tentatives d'émancipation d'autres trucs. Chez BMG, ils étaient très contents. J'avais eu envie de m'amuser parce que quand je fais 30,000 dates toute seule à la guitare et que tu chantes toujours les mêmes chansons avec les mêmes accords, tu as envie à un moment j'avais envie d'essayer autre chose quoi. Pour moi c'était naturel. J'adore ce disque, j'ai hâte qu'il sorte ! Ca me permettra aussi de passer à autre chose et d'écrire de nouvelles chansons.
Rvs le 25/10, c'est ça ?
Oui.
Pour vous nourrir et faire plein de choses, vous avez voyagé?
Oui. Enfin, ça n'a rien d'original de voyager en 2019 !
Qu'est-ce que ça vous a apporté ?
Je suis partie parce que je ne savais pas quoi faire. J'étais à la fac en histoire de l'art, j'avais fini mon M1, j'allais faire mon master 2 mais je trouvais que ça n'avait pas de sens : on me demandait de faire exactement la même chose que l'année passée, je savais que je ne voulais pas enseigner, je ne savais pas ce que je voulais faire. Je savais que ça serait un peu une perte de temps en fait. Et puis je me suis fait larguer, j'étais complètement déprimée, donc je suis allée rejoindre une de mes meilleures copines, québécoise. Je suis partie en plein hiver à Montréal. Je me suis dit puisque tu as un fond nostalgique, vas vraiment bien déprimer... pour te renouveler au printemps prochain. On était très contentes de se voir, mais elle aussi elle était en train de se faire larguer. Toutes les deux, on a fait la fête, on a écrit, parlé. On était un peu tristes mais c'est dans notre de nature et puis c'était une parenthèse dans l'hiver ! Après, je suis de nouveau partie, j'avais un projet de thèse sur un photographe suédois. Je suis partie fouiller dans ses archives, en Suède. Je suis partie toute seule en plein hiver pareil au cercle polaire, j'ai rencontré des étudiants et je me suis retrouvée à une soirée à 4h du matin à l'université alors que je ne connaissais personne. J'ai trouvé ça cool. Ce sont les deux voyages qui m'ont marquée pendant l'écriture du disque. J'en 'avais besoin. Je suis revenue à Paris écrire d'autres chansons et ça y est j'avais un disque. C'était bien.
Qu'allez-vous jouer aux Francos ?
Ce disque-là. J'hésite à reprendre une chanson d'avant. Mais ça va aller, je les ai tellement jouées que je suis contente de faire les nouvelles. Il faut venir les écouter !
Pour le faire, c'est donc aux Francos ce 11/07 – mais c'est complet- ou à partir du 25 octobre sur disque. Sur scène ?
En novembre, je fais des premières parties de la Grande Sophie. Et aussi, je peux dire une chose: n'achetez pas d'animaux, adoptez.
Propos recueillis par #PG9
Pour tout savoir sur les Francofolies: www.francofolies.fr
Pour retrouver tous nos articles, rendez-vous ici
Partageons la Culture!
PS: toute reproduction, même partielle, interdite sans autorisation
Comments