Tous les violons (classique, romantique, rock, baroque...) ont rendez-vous à Paris pour Le Printemps du Violon, Festival unique, qui met en avant chaque année les artistes d’un pays en particulier et s’amuse à inventer des croisements. Altinai Petrovitch, Directrice de la manifestation, nous explique comment elle travaille pour faire en sorte d’étonner le Public en mettant en oeuvre la partition des deux directeurs artistiques, Michaël Guttman et Anton Martynov. Bonne lecture!
Enchanté chère Altinaï. Nous allons parler violon, mais pas que, puisque nous allons aussi parler de vous à l'occasion du festival “Le Printemps du violon” qui commence dans quelques jours et que vous dirigez.
Enchantée Philippe. Oui, le compte à rebours a commencé...
11 jours où vous allez vous balader dans différents lieux de Paris.
Oui. Dans le 7ème arrondissement. En commençant par l'auditorium du nouveau centre culturel russe sur le quai Branly, en passant par la maison de l'Amérique Latine et la Salle Byzantine dans l'Ambassade de Roumanie, une très belle salle. Et on aura aussi un concert au Temple de Pentemont, rue de Grenelle où il y a un très bel orgue et une très belle acoustique.
Ca fleure bon le tour du monde !
C'est un peu ça. Chaque année on invite un pays, l'année dernière c'était la Russie, cette année c'est la Roumanie, du coup à travers ces partenariats on a accès à de nouveaux lieux, de nouveaux espaces, l'idée du festival étant de décloisonner les musiques, les lieux, l'ambiance des concerts .On aime beaucoup de se promener, faire ce parcours à la fois musical et architectural pendant cette période.
Le programme lui-même est très éclectique en fait...
Le violon nous permet de raconter plusieurs histoires en fait. La musique classique, la musique baroque, ça peut-être le tango, le jazz... En général on a l'habitude de clôturer le festival par un grand bœuf avec tous les musiciens. A cette occasion-là, on remet un prix, le prix Ivry Gitlis. On utilise au maximum les possibilités et les registres du violon pour ne pas s'enfermer dans un style.
Le public vous suit ?
Oui ! On a un public très varié, dont beaucoup de néophytes. On essaie vraiment de poursuivre cette démarche, de faire le plus de passerelles possibles entre toutes les musiques. Le tango aujourd'hui fait presque partie de la musique classique, mais il n'a y pas que le tango et chaque année on va un peu plus loin. Cette année le concert d'ouverture est un concert baroque... mais rock aussi. Il y a un morceau créé par Anton Martynov qui va justement montrer l'articulation entre le baroque et la musique pop-rock d'aujourd'hui. On essaie vraiment de mettre tout ça en avant à travers nos concerts.
Vous, Altinaï, vous êtes la directrice du Festival, et il y a deux directeurs artistiques, Anton Martynov et Michaël Guttman. Directrice, qu'est-ce que ça veut dire ?
Il s'agit de donner une vision. Et je pense que la mienne est peu particulière parce que je ne suis pas musicienne à la base, ou juste en amateur. Je ne suis pas dans le monde musical. Donc, je pense que ce que j'apporte mis à part tout le côté un peu opérationnel, la recherche de mécénat, le dialogue avec les partenaires, c'est cette volonté d'ouverture à laquelle je crois et que j'ai développée au cours de toutes ces années. Parce que quand je suis tombée dans la musique je me suis rendue compte que c'était un monde assez fermé. Moi qui viens du cinéma, j'ai plutôt l'habitude de regarder partout, de faire des liens, des associations d'idées, de projets, de gens... En prenant cette responsabilité de directrice de festival, c'est ce que j'essaie de faire, des associations entre la musique, les enfants, l'art... On travaille une identité vraiment très artistique, créative, avec la volonté de faire intervenir des artistes d'autres domaines : des peintres, des cinéastes, des acteurs… Nous avons déjà monté un spectacle « les confessions d'un violon » avec Audrey Guttman, on est très actifs sur Youtube on a fait une chaîne avec des petits films, des clips... Donc à travers mon rôle de directrice, j'essaie de participer à cette espèce d'ouverture et de rencontre entre les arts. C'est l'idée qui m'anime.
Du coup, c'est intéressant justement que vous ne vous soyez pas une professionnelle du monde de la musique et que votre regard soit différent, décalé...
C'est ce que je pense et c'est quelque chose qui commence à vraiment pouvoir se développer... Parce qu'avoir une vison c'est bien, mais il faut aussi avoir les moyens de la réaliser, faire un festival, ça veut dire aussi trouver des partenaires, convaincre des investisseurs. Cette dimension là est très importante. Si je pouvais, j'irais tout de suite là où je veux ! Mais les choses se construisent année par année et je dirais qu'après 4 ans d'existence, on a déjà une vraie visibilité, on a réussi à construire quelque chose et on a même fait des choses assez originales. Des artistes comme Greg Guillemin ou Eugénie Paultre ont réalisé tableaux, dont un nouveau portrait de Jean-Sébastien Bach ! Nous avons même créé un journal qui s'appelle “le violoniste”, organisé des chasses au violon en chocolat pour les enfants, on a fait tout un tas de choses qui je pense sont déjà dans cette dynamique. Il faut poursuivre le travail pour aller plus loin chaque année. Pour cela nous avons la chance d’avoir des partenaires solides comme la Caisse d’Epargne Ile- de-France, notre mécène fondateur, où la Fondation Navicella, notre principal mécène mais aussi de nombreux autres partenaires qui ont chacun leur rôle à jouer et que je tiens à remercier.
Comment se passe votre collaboration avec les deux directeurs artistiques ? Qui décide de quoi ?
On décide tous les trois. C'est vrai que, comme chaque année on invite un pays, ça nous donne un cadre. D'autre part, les directeurs artistiques sont des musiciens confirmés, des grands solistes, qui ont accès directement à des musiciens de même niveau qu'eux donc ils proposent des artistes qu'ils connaissent plutôt bien. Moi, d'une façon générale, j'essaie toujours de trouver le sens et d'aller un peu plus loin parce qu'il y a l'aspect purement musical, les choix artistiques sont vraiment très bons chaque année mais tout l'aspect un peu événementiel du festival, c'est plutôt moi qui insuffle ça. L'aspect graphique créatif aussi, tout ce qu'on faut autour des visuels, les affiches, la communication, c'est plutôt ma partie.
Parce qu'il ne suffit pas d'imaginer une œuvre, il faut savoir la rendre accessible au public, évidemment.
Chaque année on fait un pas de plus. Cette année on a la chance de pouvoir travailler avec Sequenza, une très bonne agence spécialisée dans l'administration, la communication de festivals réputés, ça me permet de déléguer de plus en plus toute la partie presse, communication, administration, pour me concentrer sur la mise en place de nouveaux partenariats et de nouveaux projets plus transversaux d'une certaine façon. J'aimerais de plus en plus aussi faire des liens entre mon métier d'origine, mon pays et ce festival. J'y travaille pour les prochaines années.
Votre métier d'origine, le cinéma, et votre pays d'origine, le Montenegro...
L'année prochaine, ce sera l'année monténégrine... C'est officiel. J'aimerais faire un grand concert dans une grande salle avec l'Orchestre Symphonique du Monténégro, un très bon orchestre, et un chanteur monténégrin, compositeur, que j'aime beaucoup : Rambo Amadeus. Il est à la fois un personnage de la vie publique, grand écologiste et en même temps un artiste que j'aimerais beaucoup faire connaître au public français. C'est une des choses que je voudrais mettre en place pour l'année prochaine.
Juste un clin d'oeil... Le festival commence à chaque fois le 21 mars pour deux raisons...
La première, c'est que c'est l'anniversaire de Jean-Sébastien Bach, notre papa à tous. Et la 2nde c'est que c'est le jour du printemps et de la renaissance. C'est une date symbolique très forte. D'où le nom du festival, le Printemps du violon.
Si on devait donner une couleur ou une image au Printemps de cette année quelles seraient-elles ?
Ce serait, comme on est sur le thème de la Roumanie, ce serait les sapins qu'on y trouve, ça évoque aussi la nature. Et la couleur de notre identité, c'est un rose pâle que j'aime beaucoup qui est la couleur de certaines fleurs. Ce serait un peu ça, je pense. , c'est un rose pâle que j'aime beaucoup qui est la couleur de certaines fleurs. Ce serait un peu ça, je pense.
Combien de concerts les gens vont-ils pouvoir voir?
Il y a une douzaine de concerts et événements : un atelier de lutherie, un concert pour le jeune public, la remise du Prix Ivry Gitlis... Et puis des activités, tout ça est dans le programme sur le site internet.
Merci à l’équipe de Sequenza Com-Prod! Propos recueillis par #PG9
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