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[Aux Petits Joueurs] Jimi Drouillard. Guitare, chant et fraternité

C’est un très grand Monsieur de la guitare qui en joue, l’enseigne et la partage. Il a commencé cet instrument à l’âge de 10 ans, à Bordeaux. Quand Aux petits joueurs a ouvert au 59 Rue de Mouzaïa près des Buttes Chaumont en 2.008, il a été un des premiers à s’y produire et à y avoir un rendez-vous régulier. Son dernier concert dans le club du XIXème arrondissement de Paris aura lieu Jeudi 20 Décembre avec une formation exceptionnelle, du groupe mythique “Les Rapetous”. Jimi Drouillard nous parle de son parcours, de son goût pour la musique et de son “Tribute to Zappa” en préparation. Il nous parle des épreuves de la vie, du soutien de ses amis musiciens et de son ami Olivier, le directeur du Club auquel nous dédions cette dernière semaine avant fermeture et à qui il dit: “merci, à bientôt”! Bonne lecture


Soirée de soutien “Aux Petits Joueurs”, 2016, Wakx Thierry (c)

Jeudi 20 décembre, c'est ta dernière aux Petits joueurs...


Exactement. Avec énormément de regrets...


Tu sais combien de fois tu y as joué ?


Alors, c'est simple, j'y ai joué 10 ans: depuis le début et même avant. Puisque j'ai connu Olivier aux premiers Petits Joueurs dans le 11ème.... Il avait un super restau. Ma femme me l’a présenté, on a été copains de suite. C'est devenu un très grand ami. On s'adore, on réveillonne ensemble. Je l'aime beaucoup, je l'adore. C'est mon pote.


Ce qui vous unit, c'est la musique ou l'humanité ?


Franchement, les deux. Parce que la musique, il y est très sensible. D'ailleurs, tous les étés je fais un stage en Corrèze, il est là, il est merveilleux. Evidemment moi, ça fait plus de 50 ans que je suis guitariste... Lui, c'est un chanteur débutant. C'est un grand homme. Nous on s'entend bien: on a le même corps.


Ce corps, il vibre de quoi ?

Soirée de soutien “Aux Petits Joueurs”, 2016, Wakx Thierry (c)

Simplement de la vie. Olivier, je n'ai pas besoin de lui parler. On se comprend à merveille et puis sincèrement on n'a pas besoin de se parler. Mais on se parle. Quand il m'a dit que les Petits Joueurs allaient fermer, on a bouffé ensemble, d'abord j'ai été triste. Et puis, après on s'est dit mais il faut fermer parce que l'endroit est insalubre. On va refaire autre chose et on va rouvrir autre chose ailleurs.

Ca fait depuis 10 ans... et combien de concerts, donc?


Je ne sais absolument pas. Je ne compte même pas. Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il va se passer devant. Derrière... Ca fait 10 ans. On a fait 1 à 2 concerts par mois et je me suis amusé, il n'y a pas un concert qui m'a embêté.


Ils étaient tous différents ? Ils avaient tous leur particularité ?


Ca m'a permis de jouer avec tous les musiciens de Paris. J'ai changé à chaque fois d'équipe. Donc, à chaque fois j'ai rencontré des gars étonnants et c'est bien d'aller voir un un peu tout le monde parce qu'on apprend de tous.


C'est une des grandes forces des Petits Joueurs, ce mélange ?


Bien sûr. C'est un endroit unique. Olivier a une marque de fabrique complètement unique. Moi ce que j'aime, c'est qu'on mange, on boit, et c'est un peu le bazar, c'est ce qui m'attire. On a une liberté totale et puis il n'y a pas un concert qui s'est mal passé. Et avec Olivier, il n'y a jamais eu un millimètre de problème.


On est bien d'accord et c'est la raison pour laquelle on fait ce dossier. On va parler de toi, Jimi Drouillard, qu'est-ce qui t'a fait tomber dans la marmite musicale ?


J'ai commencé à 10 ans avec un gars qui s'appelait Henri Martin, le prof que j'avais à Bordeaux, qui m'a montré le classique en même temps que Ellington, Count Basie et Wes Montgomery. Moi en même temps, j'étais dans la pop, Hendricks, les Stones... Woodstock et puis après. Donc tu vois, c'est un panel énorme. Et, puis après j'ai fait... moi, ce qui m'intéresse, c'est découvrir des styles musicaux. J'ai un peu travaillé le manouche, je picore un peu dans tout. J'ai travaillé Manu Di Bango, la musique ethnique, j'ai même fait de la variété, à FaSILA Chanter. Ma base première, c'est le rock, les Stones, mais après c'est teinté de Parker, de Miles, et puis le classique, Stravinsky, Ravel... J'aime tout !


Oui, tu aimes vraiment tout.

Comme on fait un Tribute à Franck Zappa, le disque est en train de sortir, je m'intéresse à la musique contemporaine. Je dis toujours à mes élèves, j'aime tout, ou presque. Il n'y a pas beaucoup d'exception ! Je continue avec les Stones et le Rock'n Roll, mais chacun a le droit d'aimer qui il veut.


Tu as commencé à 10 ans, à Bordeaux ?


Ca fait presque 40 piges que je suis à Paris. Et les amitiés, j'ai toujours conservé mes amis bordelais. A Paris, je connais maintenant beaucoup de monde. Aux Petits Joueurs m'a ouvert... J'ai une équipe de base, avec Thierry Eliez, Laurent Vernerey et Francis Arnaud et puis après, j'ai une trentaine, une quarantaine de musiciens, Marc Berthoumieux, Stéphane Huchard, Michaël Lecoq, Stéphane Cravero, John Grancamp... Avec qui je tourne... Il y en a plein, plein et franchement, je me régale avec chacun d’entre eux.


Qu'est-ce que tu aimes créer sur scène ?


Là, je fais le Tribute à Zappa, qui me plaît, en ce moment. Soit, je fais un genre de mélange. J'écris des textes en français, la musique est assez rock, teintée de blues et de jazz... Une espèce de fusion.


C'est l'album “Changer d'air”, notamment?


Des fois aussi, je joue avec mes enfants, mais malheureusement, je viens de perdre mon fils, Rémi, il y a un mois et demi, à 27 ans. Je suis effondré. Mais très entouré, je fais beaucoup de musique et ça m'aide à supporter ce cataclysme.


Tout le monde est avec toi, Jimi, aux Petits Joueurs et ailleurs.


Rémi, Laura et Jimi Drouillard. Photo: Vincent Le Gallic (c)

Tu as rencontré beaucoup de gens en jouant “Aux Petits Joueurs”, mais aussi, tu donnes régulièrement des cours.


J'adore enseigner. Je fais des master class. Je donne quelques cours chez moi et à l’Ecole ATLA. J'adore enseigner parce que mon prof à Bordeaux m'a donné un peu une façon de faire et j'adore ça. J'avais compris un truc, il m'a dit, j'ai enseigné 50 ans. J'ai donné plein de cours, y'en a 3 ou 4 qui sont devenus professionnels, dont moi, il me dit qu'est-ce que j'en fais des autres ? Donc, je n'ai pas de problème, il y a des gens qui sont moins doués et il y a en qui sont très doués mais chacun a le droit de goûter à la musique.


Ce qui compte, c'est le plaisir. Mais lequel?


Le plaisir de se cultiver et d'apprendre des choses et puis d, c'est compliqué. Mais ça peut être aussi 3 accords avec “No woman no cry” et ce génie de Bob Marley.


“Changer d'air”, tu l'as fait pour montrer ton travail de chant et de texte aussi ?

Je chante depuis pas très longtemps. Je suis plus cultivé dans la guitare. Mais j'adore, parce que j'ai été nourri à Nougaro, Brassens et Brel, donc évidemment quand je vois leurs textes, je ne la ramène pas une seconde. Mais je me fais aider par ma copine Joëlle Cox, par Sanseverino. Je démarre les textes et ils m'aident à les finaliser, c'est beaucoup plus dur que la musique, bien sûr. Donc, j'aime chanter des chansons tout simplement, c'est ce que j'aime faire quoi.

Et ce plaisir de la voix, de la chanson, de chanter, il est né d'un plaisir supplémentaire de donner quelque chose de toi-même ?


Non, j'ai toujours aimé chanter. Mais, avant, j'étais trop pudique et la voix c'est surtout un instrument compliqué à comprendre. Et puis, c'est surtout un peu comme “connais toi toi-même”. C'est de la psychanalyse en même temps le chant. Après, il y a Luc Bertin, Jack Mercier, tous ces chanteurs qui chantent divinement qui m'ont dit, vas-y fonce. Et après, ça s'est fait un peu tout seul. Il faut apprendre. Il y a Pavarotti d'un côté et Bob Dylan de l’autre. Il faut trouver sa place dans le chant. Après, le répertoire j'avais chanté une chanson de Doobie Brothers, on n'est pas dans la même catégorie.


Tu chantes quand ce sont tes textes à toi ?


Non. Soit, je fais des reprises des Stones, de n'importe quoi, tout ce que j'aime. Soit je fais des chansons à moi. Tu sais, aux Petits Joueurs on joue ce qu'on a envie et le reste n'est pas très important.


Tu joues où aussi à Paris ?

On vient de jouer au “Caveau des Oubliettes”, un peu partout. On a fait un concert à l'école ATLA et puis on a fait pas mal de festivals parce que j'ai été Génération Spedidam l'année dernière pendant 3 ans, donc on a fait Albertville, la Ferté sous Jouarre... on a tourné un peu quand même.


Que penses-tu du monde de la musique aujourd'hui ? Puisque tu croises plein de monde, musiciens et étudiants, qu'est-ce que tu dirais aux jeunes musiciens aujourd'hui ?


Je dirais qu'il faut qu'ils tracent leur voie, parce que c'est assez complexe. Et puis il y a plusieurs mondes. Il ne faut pas non plus qu'ils se formalisent. Il y a des chemins qui sont un peu inaccessibles. Le show biz, tout ça, s'ils ont envie d'y aller, ils y vont, mais surtout qu'ils fassent leur musique à eux. Moi, je ne me pose plus de question. Je fais ma life. Ma musique, entouré d'amis musiciens. C'est ce qui m'intéresse. Je veux le plus produire des choses, parce que j'ai encire 2-3 albums dans la tête à faire. Mais il faut faire sa vie et pas trop se soucier de tout le reste. Je pense que c'est la Vie qui est importante. Je vois les jeunes des fois, ils sont plus sur les réseaux sociaux qu'à travailler leur instrument. Alors évidemment, ils le gèrent très très bien, moi ce qui m'intéresse, c'est de faire ma musique. Là je suis en train de faire la vidéo de Zappa, ça me passionne. Tout me passionne.


Zappa est prévu pour quand ?


La sortie, c'est le 5 avril, on est accueillis par Le Triton. Ce sera un album avec beaucoup de gaieté dedans. Et puis, il y a le génie du grand Franck Zappa. Moi, ce qui m'intéresse dans la musique, c'est de jouer avec mes amis, de communiquer et de semer la bonne humeur à bloc. C'est pour ça qu'aux petits joueurs, c'était magique. Et ça le sera encore parce qu'on va faire d'autres trucs. On buvait des coups, on se marrait énormément, mais la musique était toujours là, quand ça jouait, ça jouait sec.


Tu as un souvenir particulier des soirées des Petits Joueurs ? Un jour particulier qui t'a marqué ?

Manu Galvin et Jimi Drouillard. Photo: Thierry Wakx (c)

A chaque fois, je rentre à la maison, heureux, repu d'avoir bien mangé, d'avoir bien joué et d'amitié. Là, aujourd'hui,le 20 avec mes vieux copains des Rapetous, Basile Leroux, le grand Manu Galvin qui est mon grand pote, Serge Malik, Loïc Pontieux et pour la première fois de ma life avec Bernard Paganotti. Les premiers concerts que j'ai fait de ma vie, c'était Magma avec Christian Wander avec Jannick Top le 1er, le 2ème, c'était Paganotti, donc tu penses que je vais être comme le petit collégien devant Paga.


C'est donc le 20 à partir de 21h aux Petits Joueurs. Un mot pour Olivier ?


Olivier, je veux juste lui dire que je l'aime hypra fort, que je lui fais 4 bises, parce que lui il fait toujours 4 bises. Qu'il prenne deux ou trois mois pour se reposer un peu, et après, il faut que ça reparte sur des chapeaux de roue.


Il travaille dessus je crois...


Propos recueillis par #PG9


Jimi Drouilllard et Fifi Chayeb. Soirée Hommage à Rémi. Photo: Léo Favreau

2008- 2018:






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